Cette équipe de la Penn propose de « sonder l’âme » du système immunitaire pour mieux pouvoir anticiper ses réponses, en particulier chez les sujets plus fragiles ou plus vulnérables comme les jeunes enfants, les personnes âgées ou encore les patients immunodéprimés. De quoi s’agit-il en pratique ? L’idée est d’analyser une population de cellules immunitaires rares et de courte durée dans le sang, que les chercheurs appellent « périscopes » cellulaires. Ces cellules peuvent apporter en effet une vision des régions inaccessibles où les cellules immunitaires sont fabriquées, en quelque sorte, l’âme de notre système immunitaire. Des travaux présentés dans le Journal of Clinical Investigation avec des applications possibles, de l’évaluation du patient avant la vaccination à la mesure de l’efficacité des immunothérapies.
Ces scientifiques de l’Ecole de médecine de l'Université de Pennsylvanie nous expliquent que le canal thoracique transporte dans le sang des lymphocytes spécifiques, les lymphocytes T folliculaires helper (Tfh), nécessaires aux cellules B situées dans les centres germinaux (GC) des ganglions lymphatiques pour la fabrication d’anticorps qui combattent les germes et autres envahisseurs extérieurs. Certaines cellules Tfh dans les ganglions lymphatiques expriment de manière unique la protéine du récepteur de surface CXCR5 et la molécule inhibitrice PD-1. Depuis longtemps, les chercheurs se demandent si ces cellules Tfh quittent les ganglions lymphatiques et circulent dans le sang avec des traces de leurs marqueurs d'origine.
Un instantané de l’immunité via un simple test sanguin
L'équipe a donc comparé les cellules Tfh des ganglions lymphatiques aux cellules Tfh présentes dans le liquide lymphatique et dans le sang. Elle identifie alors les cellules Tfh « CXCR5-bright PD-1-bright » dans le liquide lymphatique au niveau du canal. Ces Tfh doublement marquées partagent de nombreuses caractéristiques épigénétiques et expriment également des protéines similaires avec les cellules Tfh dans les centres germinaux (GC) des ganglions lymphatiques. Cela signifie que les Tfh échantillonnés dans le canal lymphatique sont des intermédiaires cellulaires qui font le lien biologique entre les Tfh des ganglions lymphatiques et les Tfh dans le sang.
Un échantillon de sang peut fournir un instantané de l'immunité du corps entier : c’est ce qui apparaît possible à la lecture de ces résultats. Les auteurs, le Dr Laura Vella médecin-scientifique et le Dr E. John Wherry, directeur du département de pharmacologie des systèmes et de la thérapie, estiment que ces travaux pourraient permettre en effet de mieux définir et surveiller l’état du système immunitaire chez les personnes plus vulnérables, dont les nourrissons et les enfants en bas âge, les personnes âgées, les patients prenant des médicaments immunosuppresseurs et les personnes souffrant de troubles auto-immunes comme les maladies inflammatoires de l’intestin : « Ces cellules qui ne représentent que 0,1% de tous les types de cellules circulant dans le sang peuvent presque tout nous dire sur les événements du système immunitaire survenus dans une partie éloignée du corps ».
Des marqueurs de surface pour identifier ces cellules rares : les marqueurs de surface cellulaire des Tfh, collectées dans les canaux thoraciques humains – le principal « tuyau de drainage », mais difficile d’accès, qui transporte le liquide qui coule du système lymphatique vers la circulation sanguine, permettent d’identifier ces cellules à analyser. Il s’agit de la protéine de surface CXCR5 et de la molécule inhibitrice PD-1.
Il sera donc possible d’obtenir une photo des événements immunitaires antérieurs pour une variété d'applications dont, en particulier, la personnalisation des plans de traitement.
Source: Journal of Clinical Investigation 2 July, 2019 DOI : 10.1172/JCI130311 Searching for the origin of the enigmatic circulating T follicular helper cells
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