Les infections urinaires sont l’une des infections bactériennes les plus courantes chez les patients « externes » et la prévalence de la résistance aux antibiotiques est croissante. Cette étude d’une équipe de la Penn Medicine alerte sur le cercle vicieux antibiorésistance et rechute dans ce type d’infection. Car l’utilisation inappropriée des antibiotiques favorise en effet les infections récurrentes. Des conclusions présentées dans la revue Infection Control and Hospital Epidemiology qui doivent à nouveau sensibiliser cliniciens et patients au bon usage de ces médicaments.
Et en particulier, lorsque les tests d’urine vont identifier des organismes résistants, les patients doivent être suivis de plus près et pendant une période plus longue.
Un risque de rechute en moins d’1 semaine : ces patients atteints d'infection des voies urinaires résistante aux médicaments sont plus susceptibles de rechuter et en moins d'une semaine. Ils sont également plus susceptibles de se voir prescrire le « mauvais » antibiotique, résume le Dr Judith Anesi, épidémiologiste clinique à la Penn Medicine et auteur principal de l'étude : « Notre étude ajoute à l'évidence que les bactéries résistantes aux médicaments constituent un problème croissant, même dans la communauté et même chez les patients présentant une infection apparemment simple, comme une infection des voies urinaires. Ces infections pharmaco-résistantes sont difficiles à traiter, et notre étude montre que les rechutes sont courantes. Il s'agit d'une découverte alarmante et des interventions visant à réduire la résistance aux antibiotiques sont nécessaires de toute urgence ».
L’étude est centrée sur 151 patients dont les infections ont commencé « en communauté » ou en dehors d'un établissement de santé. Ces patients ont été vus en service des Urgences, en cabinet de ville et les cultures d'urine étaient positives aux entérobactéries résistantes aux antibiotiques céphalosporines, des antibiotiques à large spectre couramment utilisés pour traiter les infections bactériennes. Ces patients ont été comparés à 151 patients similaires dont les tests de laboratoire ont montré des formes non résistantes de la bactérie. L’analyse révèle que :
- les patients présentant la forme résistante de la bactérie sont plus susceptibles que les autres patients d'obtenir des résultats cliniques bien plus négatifs que ceux du groupe témoin ;
- plus de la moitié des 302 patients participant à l'étude n'ont pas reçu d'antibiotique approprié dans les 48 heures de l’analyse d’urine,
- ceux présentant une forme résistante de la bactérie étaient encore plus susceptibles de recevoir un antibiotique inapproprié ;
- les patients reçus en service des Urgences étaient les plus susceptibles de recevoir le traitement approprié dès le début ;
- les patients présentant une bactérie résistante continuent en général de présenter les mêmes symptômes plusieurs jours durant et doivent être fréquemment traités à nouveau pour la même infection au cours de la même semaine.
Ces résultats médiocres observés chez les patients positifs à la bactérie résistante sont liés à l’augmentation très probable de la virulence des organismes résistants ainsi qu’à d’autres facteurs propres au patient qui peuvent le prédisposer à de plus mauvais résultats à l'inclusion.
Les auteurs concluent qu’en cas de tests d’urine identifiant des organismes antibiorésistants, les patients doivent être suivis de plus près et pendant une période plus longue car ils sont à risque bien plus élevés de rechute.
Source: Infection Control and Hospital Epidemiology 30 October 2018 DOI : 10.1017/ice.2018.254 Poor clinical outcomes associated with community-onset urinary tract infections due to extended-spectrum cephalosporin-resistant Enterobacteriaceae
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