
Pour preuve de l’intensité du stress ressenti par les aidants naturels ou professionnels, ces dommages constatés, jusqu’aux niveaux cellulaires, liés immanquablement à des effets négatifs parfois sévères, sur la santé mentale et physique. Ces biologistes de la Rice University documentent ainsi, dans la revue Psychosomatic Medicine, une « baisse de régime mitochondrial » caractéristique d’une réduction de la santé cellulaire et du fonctionnement physique et mentale de ces accompagnants.
De nombreuses recherches ont déjà documenté le fardeau psychologique associé à cet accompagnement et la délivrance de soins à un proche ou à un patient dépendant. L’équipe de Houston révèle que ce stress et cette détresse intenses trouvent une explication et une représentation au niveau cellulaire. Ainsi, l’étude est l’une des premières à décrypter l’impact de la santé cellulaire sur le bien-être et la santé des aidants soumis à un stress quotidien et chronique important.
L’un des auteurs principaux de l’étude, Chris Fagundes, professeur de sciences psychologiques à la Rice explique que « le stress chronique affecte non seulement la fonction immunitaire mais également la santé des cellules individuelles, ce qui suggère une relation plus profonde et plus complexe entre l’état mental et le bien-être physique ».
Le rôle crucial de la santé cellulaire dans la connexion corps-esprit
L’étude se concentre précisément sur le lien entre les mitochondries –ces minicentrales énergétiques qui alimentent les cellules individuelles – et la santé mentale et physique. L’énergie produite par les mitochondries est nécessaire aux activités quotidiennes telles que la marche, les courses ou encore la conduite automobile. Une façon d’évaluer la santé cellulaire d’une personne consiste à déterminer la quantité d’énergie qui lui reste après ces activités.
« Plus il vous reste de carburant après un trajet, plus c’est un indicateur de la qualité du fonctionnement du véhicule. C’est le même principe pour la santé des cellules ».
Les situations de stress chronique, comme en cas de soins réguliers dispensés à un proche, affectent également négativement la santé cellulaire. Cependant, selon les individus, les cellules sont plus ou moins résistantes au stress. L’analyse révèle que :
- les aidants/soignants ayant moins d’énergie cellulaire restante sont en effet moins capables d’accomplir efficacement des activités physiques du quotidien, telles que marcher ou porter des sacs de courses que ceux ayant plus d’énergie restante ;
- les aidants/soignants ayant moins d’énergie cellulaire restante sont aussi ceux qui ont le moins d’émotions positives, comme la satisfaction, l’excitation, l’inspiration et la vigilance ;
-
une plus grande réserve d’énergie cellulaire est associée à une santé mentale et physique,
- l’épuisement de cette réserve d’énergie cellulaire est lié à une inflammation plus élevée, ce qui augmente le risque de toute une série de problèmes de santé mentale et physique et de maladies neurodégénératives comme la démence ou la maladie d’Alzheimer.
L’objectif est donc de développer de nouvelles interventions pharmaceutiques qui ciblent la santé ou l’énergie (les mitochondries) cellulaire, ce qui pourrait favoriser la résilience au stress.
Source: Psychosomatic Medicine 8 July, 2024 DOI : 10.1097/PSY.0000000000001312 Mitochondrial health, physical functioning, and daily affect: Bioenergetic mechanisms of dementia caregiver well-being
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