Cette équipe de la Rutgers University (New Jersey) rappelle aux médecins -et au grand public-, dans le New England Journal of Medicine (NEJM) Evidence, tout ce qu’il faut savoir sur la maladie de Lyme, pour détecter, diagnostiquer et traiter cette infection bactérienne de manière adaptée et précoce.
La maladie de Lyme peut être traitée avec des antibiotiques, cependant la réponse au traitement est meilleure avec un diagnostic posé dans les semaines qui suivent l’infection. Non traitée, cette « borréliose » -due à la bactérie Borrelia burgdorferi- transmise à l’Homme par piqûres de tiques infectée, peut persister pendant des années -le plus souvent donc sans être diagnostiquée- et entraîner des troubles neurologiques, l'arthrite et toute une série d’autres complications. Le défi reste la complexité du diagnostic de Lyme, c’est pourquoi les données d’incidence sont très probablement sous-estimées.
Cependant, on estime que l’infection touche chaque année, près de 500.000 personnes aux seuls Etats-Unis et plus de 14 % de la population mondiale au cours de la vie.
Il reste donc une énorme marge d’amélioration
C’est pourquoi ces médecins et scientifiques de la Rutgers New Jersey Medical School et de l'Université Stony Brook rappellent les protocoles en matière d'évaluation et de traitement de la maladie de Lyme, prise à ses débuts.
Quelques signes cliniques :
- le signe le plus courant de la maladie de Lyme est l’érythème migrant, une lésion cutanée en forme de cible. Mais cette éruption cutanée ne se produit pas systématiquement chez tous les patients et n’est pas toujours reconnue ou remarquée par les patients lorsqu’elle se produit ;
- aux premiers stades, les patients peuvent également présenter un ensemble de symptômes pseudo-grippaux, mais sans symptômes respiratoires. Ces symptômes incluent la fièvre, les maux de tête, des douleurs musculaires, des douleurs articulaires et de la fatigue. Cependant, la toux n’en fait généralement pas partie ;
- des symptômes neurologiques peuvent également apparaître concomitamment avec les maux de tête ;
- enfin, étant donné que les tiques infectées peuvent également transmettre tout un ensemble d’agents pathogènes, les patients infectés par Lyme présentent un risque plus élevé de coinfections.
- La question reste que bon nombre de ces symptômes sont également observés avec d’autres maladies, comme la méningite par exemple, qui entraîne des troubles neurologiques comparables.
Quels tests ? Actuellement, les seuls tests approuvés par les Agences sanitaires, dont l’agence américaine FDA, sont les tests d’anticorps ; mais cela peut prendre des semaines ou plus avant qu'un patient développe une réponse immunitaire suffisante et détectable par ces tests. De plus, si le patient en question a déjà développé la maladie de Lyme, il peut rester positif aux tests pendant des années, voire à vie. Cela induit une incertitude pour les médecins lorsqu’ils évaluent un patient « qui récidive ».
- Le test de premier niveau, dans sa forme la plus optimale, est un test semi-quantitatif sensible. « Cela revient à ratisser large » et si ce premier test est positif ou donne un résultat limite, il est suivi d'un test de deuxième niveau, de confirmation, qui va mesurer les anticorps spécifiques à Borrelia burgdorferi. Cependant, précisent les auteurs, l’interprétation de ce deuxième test « est souvent subjective ».
- D’autant que dans les premières semaines qui suivent une première infection par Lyme, la réponse en anticorps est généralement négative aux tests conventionnels à 2 niveaux, car l’organisme n’a pas eu encore le temps de développer une réponse immunitaire détectable. À l’autre extrémité du spectre, si plus d’un mois s’est écoulé depuis le début de l’infection et avant le traitement, il est plus courant d’avoir un test positif. C’est donc bien cette phase précoce de l’infection qui est la plus problématique pour la détection et le diagnostic, pour les médecins.
Quel protocole pour le médecin face à un cas suspect ? Il importe, écrivent les chercheurs, e tester avant d’administrer des antibiotiques qui peuvent atténuer la réponse immunitaire du patient et perturber les résultats des analyses de sang. Ainsi, le médecin doit évaluer les critères de positivité et prendre en compte les facteurs atténuants. Le patient a-t-il séjourné dans une zone d'endémie ? Y a-t-il d'autres lésions cutanées ? Un examen neurologique a-t-il été effectué pour exclure d'autres maladies ? Ainsi les autres diagnostics que celui de Lyme, doivent d’abord être écartés. Ensuite, il s’agit de se coordonner avec des collègues d'autres spécialités, comme la neurologie et la cardiologie, afin de confirmer le diagnostic et prendre des décisions éclairées.
Quelles perspectives ? Des tests plus précis et pouvant être utilisés plus tôt sont en cours de développement. Cela inclut des tests d’ADN de la bactérie de Lyme. D’autres tests vont rechercher des messages moléculaires précoces du corps en réponse à l’infection. D'autres équipes travaillent également au développement de tests rapides.
Les perspectives sont bonnes pour la plupart des patients atteints de la maladie de Lyme, notamment lorsque l’infection est diagnostiquée à un stade précoce et que le traitement est commencé sans délai.
Source: NEJM Evidence 23 July, 2024 via AAAS Decoding early Lyme disease
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