Car les motifs d'hospitalisation des personnes atteintes de diabète de type 2 sont en train de changer, relève cette équipe du Baker Heart and Diabetes Institute (Melbourne), qui présente son étude lors de la Réunion 2022 de l'Association européenne pour l'étude du diabète (EASD, Stockholm). Alors que l’incidence de ces complications « non traditionnelles » augmente rapidement, les chercheurs appellent à une révision des stratégies de gestion du diabète afin de tenir compte du fardeau significatif de ces complications moins connues.
Une précédente étude australienne portant sur 456.000 patients atteints de diabète de type 2 suivis durant 7 ans avait déjà révélé que seulement 4 complications traditionnelles du diabète figurent désormais parmi les 10 principales causes d'hospitalisations excessives.
La nouvelle étude a examiné les motifs d'hospitalisation au niveau de la population générale (Australienne) afin d’identifier les complications émergentes du diabète et améliorer la compréhension et la prise en charge de la maladie.
L’étude a consisté à analyser les données d'environ 50 % des Australiens diagnostiqués avec un diabète de type 2 et dont les données figuraient au Registre australien du diabète. Soit 456.265 patients diabétiques, dont les données ont été comparées à celles de plus de 19 millions de témoins exempts de diabète. Les chercheurs ont pu identifier les principales causes d'hospitalisation et comparer leur incidence au même risque relatif d'hospitalisation en population générale. Enfin, les complications du diabète ont été réparties en 3 catégories :
- les complications traditionnelles qui comprenaient les maladies vasculaires, l'insuffisance rénale, la rétinopathie et les cataractes, la neuropathie, l'obésité, les infections traditionnellement liées au diabète (par exemple les infections urinaires) et les complications des procédures liées aux complications bien connues du diabète (par exemple, l’amputation) ;
- les complications émergentes qui comprenaient les maladies du foie, les troubles de santé mentale, différents cancers (gastro-intestinaux, organes sexuels féminins) ;
- les infections moins fréquemment associées au diabète (p. ex. infections respiratoires, septicémie).
Tous les autres diagnostics ont été classés dans une catégorie de « complications non communément reconnues ».
L’analyse révèle que :
- les personnes diabétiques sont plus à risque d'être hospitalisées avec la plupart de ces conditions médicales que la population générale, avec certaines exceptions : cancer de la prostate, anévrisme de l'aorte et fractures du poignet ;
- la principale cause d'hospitalisations excessives chez les hommes atteints de diabète est la cellulite, suivie des troubles anxieux, de l'anémie ferriprive et le diabète double, au minimum, le risque d'admission pour ces conditions vs en population générale ;
- la principale cause d'hospitalisations excessives chez les femmes atteintes de diabète est l'anémie ferriprive, suivie des complications traditionnelles des infections des voies urinaires et de la cellulite ;
- toujours chez les femmes diabétiques, des taux élevés d'hospitalisations excessives sont notés pour des complications moins connues, dont la dépression, les troubles gastro-intestinaux et l'asthme ; les hospitalisations pour asthme sont plus de 2 fois plus probables chez les femmes atteintes de diabète qu’en population générale.
Ainsi, les complications non traditionnelles, notamment l'anémie, les troubles de stress, la dépression et la pneumonie, sont parmi les principales raisons pour lesquelles les personnes atteintes de diabète de type 2 sont hospitalisées plus fréquemment que la population générale.
Les complications du diabète de type 2 évoluent
- Seules 4 complications traditionnelles du diabète (cellulite, insuffisance cardiaque, infections des voies urinaires et abcès cutanés ) sont aujourd’hui classées parmi les 10 principales causes d'hospitalisation chez les patients diabétiques ;
- l’incidence des complications traditionnelles du diabète, dont les crises cardiaques, les accidents vasculaires cérébraux (AVC) et les amputations ont considérablement diminué au cours de ces 20 dernières années en raison de la réduction et d’un meilleur contrôle des facteurs de risque (dont la pression artérielle, le cholestérol, le tabagisme et le contrôle de la glycémie ) et de meilleurs soins préventifs et de meilleure gestion,
- émerge un large éventail de complications moins connues, dont des infections (pneumonie, septicémie), des troubles de la santé mentale et des affections gastro-intestinales ;
- les principales causes de décès et de maladies telles que le cancer, les maladies du foie et les troubles mentaux font aujourd’hui leur apparition chez les personnes atteintes de diabète ;
« Ces complications moins fréquemment liées au diabète et aux troubles de santé mentale sont en train de devenir les principales causes d'admission à l'hôpital. Elles entraînent des fardeaux importants qui dépassent parfois les complications mieux connues », explique l'auteur principal, le Dr Dee Tomic du Baker Heart and Diabetes Institute (Melbourne).
Ces nouvelles complications sont liées à une meilleure gestion de la maladie
L'émergence de ces nouvelles complications reflète en effet les améliorations dans la gestion du diabète. Les patients diabétiques vivent plus longtemps, ce qui les rend vulnérables à un plus large éventail de complications. Cependant, l’émergence de troubles de santé mentale et d’infections telles que la septicémie et la pneumonie va imposer une charge supplémentaire aux systèmes de santé et devrait être prise en compte dans les protocoles de traitement.
Les troubles de la santé mentale constituent une complication émergente du diabète de type 2, confirme l’auteur principal, le Dr Dianna Magliano, responsable du département diabète et santé publique à l'Université Monash (Australie). La découverte du lourd fardeau de l’anémie chez les hommes et les femmes diabétiques suggère également la possibilité d'un lien biologique entre le diabète et la carence en fer.
Ces conclusions qui font état d’associations d'observation plutôt que de relations de cause à effet nécessitent cependant une confirmation par une étude longitudinale mieux contrôlée (qui exclue les personnes diabétiques du groupe de contrôle).
Source: The European Association for the Study of Diabetes (EASD) Annual Meeting 1-Sep-2022 Reasons for hospital admissions in people with type 2 diabetes are changing et Diabetologia (In Press)
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