Cette équipe de cancérologues de la Weill Cornell Medicine (New York) dévoile ici de nouvelles stratégies clés contre le cancer de la prostate résistant aux médicaments et agressif, ou cancer neuroendocrinien de la prostate. Au cœur de ces stratégies, une nouvelle cible, une enzyme appelée EZH2 joue un rôle inattendu dans la croissance tumorale agressive des cancers de la prostate résistants au traitement. Les résultats, publiés dans la revue Nature Communications, pourraient conduire à de nouvelles thérapies pour les patients atteints de ce cancer et ayant des options limitées.
Le cancer de la prostate est l'une des principales causes de décès liés au cancer chez les hommes, faisant plus de 30.000 décès aux seuls États-Unis. Alors que la plupart des cancers de la prostate répondent initialement aux thérapies qui bloquent les récepteurs aux androgènes, certaines tumeurs évoluent vers une forme très agressive et résistante au traitement connue sous le nom de cancer de la prostate neuroendocrinien,
qui ne dépend plus de la signalisation des androgènes.
Cette forme agressive de cancer de la prostate est donc extrêmement difficile à traiter.
L’étude, dirigée par les Drs Maria Diaz-Meco et Jorge Moscat, professeurs d'oncologie à la Weill Cornell Medicine révèle que :
- l'absence d'une protéine appelée PKCλ/ι dans les cellules cancéreuses de la prostate permet à une enzyme redoutable, EZH2, de stimuler cette croissance agressive, même en présence d'inhibiteurs des récepteurs aux androgènes ;
- normalement, PKCλ/ι limite l'activité d'EZH2, maisdans les cellules déficientes en PKCλ/ι traitées avec des inhibiteurs des récepteurs aux androgènes, une forme alternative d'EZH2 est produite qui exerce une fonction différente : cette forme d’EZH2 entraîne une production rapide de protéines et active des facteurs de croissance comme le TGF-β, favorisant un environnement autour de la tumeur qui favorise la progression du cancer, en dépit de l’inhibition, par traitements, des récepteurs aux androgènes.
La découverte de mécanisme critique de la résistance au traitement du cancer de la prostate, suggère de nouvelles approches thérapeutiques : en décryptant le rôle redoutable d’EZH2 dans ce contexte,
il devient à nouveau possible, en ciblant l’enzyme, de resensibiliser les tumeurs aux inhibiteurs
des récepteurs aux androgènes ou de rendre le cancer à nouveau vulnérable aux traitements.
Cette recherche jette ainsi les bases d’essais cliniques combinant des inhibiteurs des récepteurs aux androgènes avec des inhibiteurs d’EZH2 ou de TGF-β pour les patients atteints d’un cancer de la prostate résistant au traitement et caractérisé par un déficit en PKCλ/ι.
Le ciblage de ces voies offre l’espoir non seulement de surmonter la résistance mais également d’élargir les options de traitement pour cette forme difficile de cancer.
Source : Nature Communications 20 Nov, 2024 DOI : 10.1038/s41467-024-53874-2 Increased translation driven by non-canonical EZH2 creates a synthetic vulnerability in enzalutamide-resistant prostate cancer
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