Bien que l’endométriose et les fibromes utérins soient des troubles courants chez les femmes, ils font partie de ces indices cliniques non anodins, à surveiller par les professionnels de soins primaires. Alors que de nombreuses études engagent aujourd’hui à considérer la santé des femmes dans sa globalité et sa continuité, cette nouvelle recherche, menée par une équipe de chercheurs de la Harvard T. Chan Harvard T.H. Chan School of Public Health et du Mass General Brigham (Boston), publiée dans le Britsh Medical Journal (BMJ), révèle que de tels antécédents sont associés à un risque accru de décès prématuré.
Le message est qu’il est important que les professionnels de santé primaires prennent en compte ces 2 pathologies dans leur évaluation de la santé des femmes. Même si l'endométriose et les fibromes utérins sont des troubles courants chez les femmes en âge de procréer.
L'endométriose touche environ 1 femme sur 10 dans le monde. La condition, caractérisée par le développement de tissu endométrial (utérus) à l'extérieur de l'utérus, comme à proximité des ovaires et des trompes de Fallope, peut être extrêmement douloureuse, épuisante et interférer de manière considérable avec la qualité de vie et le fonctionnement au quotidien. Des études ont également démontré des conséquences de la maladie sur la fertilité.
Les fibromes utérins sont les tumeurs utérines bénignes les plus courantes. 25 % des patientes présentant ces fibromes développent des symptômes handicapants, notamment des saignements utérins abondants, des douleurs pelviennes et l'infertilité, ce qui justifie à la fois des mesures préventives et des traitements. Composés de cellules musculaires lisses et d'une grande matrice de tissu conjonctif, les fibromes varient en taille, allant de masses presque microscopiques à des masses volumineuses qui peuvent agrandir et déformer l'utérus. On estime que 77 % des femmes développeront des fibromes au cours de leur vie, la plupart d'entre elles à l'âge de 50 ans. Enfin, les fibromes utérins sont la principale cause d'hystérectomie.
De plus en plus de preuves montrent que ces 2 pathologies sont associées à un risque accru à long terme de maladies chroniques, telles que l’hypertension artérielle, les maladies cardiaques et certains cancers, mais leur effet sur le risque de mortalité prématurée reste mal connu.
L’étude analyse les données de 110.091 femmes participant à la Nurses’ Health Study II, âgées de 25 à 42 ans à l’inclusion. À partir de l’inclusion et tous les 2 ans, les participantes ont signalé tout diagnostic d’endométriose (confirmé par laparoscopie) et de fibromes utérins (confirmé par échographie ou hystérectomie). Les chercheurs ont également pris en compte les facteurs de confusion possibles dont l’âge, l’origine ethnique, les antécédents de reproduction, l’utilisation de THS et de contraceptifs oraux, l’utilisation régulière d’aspirine ou d’anti-inflammatoires et d’autres problèmes de santé. L’analyse constate que :
- au cours des 30 années de suivi, 4.356 décès prématurés ont été enregistrés, dont 1.459 par cancer, 304 par maladies cardiovasculaires et 90 par maladies respiratoires ;
- le taux de décès prématuré toutes causes confondues chez les femmes atteintes et non atteintes d'endométriose confirmée s’élève respectivement à 2 et 1,4 pour 1.000 personnes-années ;
- après prise en compte des facteurs de confusion possibles, l'endométriose s’avère associée à un risque de décès prématuré 31 % plus élevé, principalement dû aux décès de cancers gynécologiques ;
- si les fibromes utérins n’apparaissent pas directement liés aux décès prématurés toutes causes confondues, ils sont résolument associés à un risque plus élevé de décès de cancers gynécologiques.
L’étude, d'observation et basée sur des autodéclarations, ne démontre pas la relation de cause à effet et n’exclut sans doute pas l’influence possible d’autres facteurs non pris en compte Cependant, notent les auteurs, il s’agit d’une étude de grande envergure avec un suivi régulier sur près de trois décennies, ce qui réduit les biais possibles…
En d’autres termes, les femmes ayant des antécédents d’endométriose et de fibromes utérins pourraient avoir un risque accru à long terme de mortalité prématurée au-delà de leur durée de vie reproductive.
Source: The BMJ 20 Nov, 2024 DOI: 10.1136/bmj-2023-078797 Endometriosis and uterine fibroids and risk of premature mortality: prospective cohort study
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