De précédentes recherches ont largement démontré les effets néfastes des horaires de travail décalés comme le travail de nuit ou le travail posté sur la santé mentale et physique. Cette nouvelle recherche, menée à l’Université de New York et publiée dans la revue PLoS ONE, explore la manière dont les horaires de travail, qui impactent la routine de sommeil et reflètent plus largement le mode de vie, peuvent affecter et prédire la santé globale.
De précédentes études ont déjà associé les horaires de travail irréguliers à un décalage de l’horloge biologique. Or le décalage de l’horloge interne est facteur non seulement de troubles du sommeil et de somnolence, mais aussi de nombreux problèmes de santé chroniques, allant des troubles métaboliques, aux cancers et aux troubles cognitifs Cette recherche explore plus spécifiquement les effets d’horaires décalés comme facteur direct et indirect et comme marqueur de santé globale.
Des horaires de travail réguliers associés à une meilleure santé
L’étude a analysé les données de la National Longitudinal Survey of Youth-1979 (NLSY79), soit de plus de 7.000 participants âgés de 30 ans et plus à l’inclusion, et suivis jusqu’à l’âge de 50 ans. L’objectif était d’établir un lien entre les caractéristiques de l'emploi au début de l'âge adulte et la qualité du sommeil, la santé physique et le bien-être mental à l'âge de 50 ans. Parmi les participants,
- 60% ont suivi des horaires standard tout au long de leur carrière ;
- 30% ont commencé à travailler selon des horaires standard, mais sont ensuite passés à des horaires variables ;
- 10% n’ont pas travaillé pendant la majorité du suivi de l’étude.
L’analyse révèle que :
- par rapport à ceux qui conservent des horaires standards tout au long de leur carrière, les participants suivant des horaires variables dorment moins, ont un sommeil de moins bonne qualité et sont plus susceptibles de présenter des symptômes dépressifs à l'âge de 50 ans ;
- ce risque est encore accru chez les participants qui passent d’horaires stables dans la vingtaine à des horaires décalés plus tard dans la vie ;
- des disparités sont observées entre les différents groupes démographiques.
Ainsi, les horaires de travail décalés favorisent le manque de sommeil, augmentent la fatigue physique et le risque d’épuisement professionnel émotionnel.
« Le travail, censé nous apporter des ressources pour nous aider à mener une vie décente, peut parfois faire obstacle à une vie saine en raison de conditions de travail inégalitaires parfois même responsables de problèmes de santé ».
En conclusion, les « modèles de travail » influencent directement nos routines quotidiennes, essentielles pour le sommeil et plus largement aussi, pour la santé globale ; constituent également des facteurs indirects de santé, car étroitement associés aux statuts socio-économiques, eux-mêmes facteurs d’inégalités de santé ; ils peuvent constituer enfin un marqueur possible de la santé plus tard dans la vie.
Source: PLoS ONE 3 April, 2024 DOI: 10.1371/journal.pone.0300245 Working outside the typical 9–5 in younger adulthood may be linked with worse health decades later
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