Le traitement à la dopamine atténue aussi les symptômes de la maladie d’Alzheimer, démontre cette équipe du RIKEN Center for Brain Science (CBS, Japon) qui propose une nouvelle façon de lutter contre la maladie d’Alzheimer : le traitement à la dopamine atténue en effet à la fois les symptômes physiques et cognitifs dans le cerveau. Ces travaux, présentés dans la revue Science Signaling, décryptent le rôle de la dopamine dans la promotion de la néprilysine, une enzyme capable de décomposer les plaques nocives caractéristiques de la maladie d’Alzheimer.
La formation de ces plaques autour des neurones est l’un des premiers signes de la maladie, qui commence souvent des décennies avant que les premiers symptômes comportementaux n’apparaissent. Ces plaques sont formées de morceaux du peptide bêta-amyloïde qui s’accumulent au fil du temps. Or les niveaux de l’enzyme néprilysine sont inversement associés à l’importance des plaques bêta-amyloïdes et au déclin cognitif.
Produire plus de néprilysine
Si la manipulation génétique pour produire de la néprilysine est possible à des fins expérimentales, pour traiter les humains, il s’agit de trouver des médicaments qui induisent ce même effet. Or les comprimés ou l’injection de néprilysine ne sont pas envisageables chez l’Homme, car l’enzyme ne peut pas pénétrer dans le cerveau par la circulation sanguine.
L’étude a donc d’abord consisté à examiner de nombreuses molécules pour déterminer lesquelles peuvent naturellement réguler la néprilysine dans les bonnes régions du cerveau. De précédentes recherches ont incité les scientifiques à se concentrer sur les hormones produites par l’hypothalamus. Cette recherche a débouché sur la dopamine dont ils montrent qu’elle accroît, in vitro, les niveaux de néprilysine sur des cultures de cellules cérébrales et réduit leurs niveaux de bêta-amyloïde.
La L-DOPA booste la néprilysine ce qui réduit les plaques bêta-amyloïdes nocives
Une étude préclinique, menée ensuite sur la souris modèle d’Alzheimer révèle que l’insertion de récepteurs sur mesure dans les neurones producteurs de dopamine de la souris qui permet d’activer en continu ces neurones conduit à une augmentation de la néprilysine et à une diminution des niveaux de bêta-amyloïde.
La L-DOPA, une molécule précurseur de la dopamine souvent utilisée pour traiter la maladie de Parkinson conduit de la même manière à une augmentation de la néprilysine et à une diminution des plaques bêta-amyloïdes dans le cerveau de ces souris modèles traitées pendant 3 mois. Si le résultat est là, les chercheurs ne savent pas expliquer à ce stade, le mécanisme sous-jacent du médicament.
« Nous montrons que la L-DOPA peut permettre de réduire les plaques bêta-amyloïdes nocives et améliorer la mémoire chez un modèle de la maladie d’Alzheimer », résume l’auteur principal, le chercheur Watamura Naoto. Les chercheurs espèrent des résultats similaires aux prochains essais cliniques (chez l’Homme), ce qui pourrait conduire à de nouvelles options, plus efficaces, pour traiter ou ralentir la progression de la maladie.
« Mais le traitement à la L-DOPA est connu pour avoir de graves effets secondaires chez les patients atteints de la maladie de Parkinson. Par conséquent, notre prochaine étape va consister à regarder comment la dopamine régule la néprilysine dans le cerveau, ce qui devrait donner lieu à une nouvelle approche préventive voire curative de la maladie d’Alzheimer ».
Source: Science Signaling DOI :10.1126/scisignal.adk1822 The dopaminergic system promotes neprilysin-mediated degradation of amyloid-β in the brain
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