Plusieurs équipes d’experts urgentistes ont souligné le manque d’adaptation de certains services des Urgences aux urgences pédiatriques. Cette nouvelle étude met en exergue 3 signes qui ne trompent pas, chez l’Enfant qui arrive aux Urgences. 3 signes clés d'un traumatisme majeur qui devraient accélérer le traitement de ces enfants gravement blessés amenés, en particulier lorsque ces patients sont amenés par des parents, et non par des ambulances. Ces conclusions présentées et documentées lors du Congrès de la Société européenne de médecine d'urgence (EUSEM) doivent « inspirer les services d’urgence du monde entier ».
Car lorsque les enfants sont amenés par des parents, des enseignants ou des aidants, ils ne bénéficient pas en général de la même rapidité de prise en charge que leurs homologues amenés par ambulance. En identifiant ces 3 caractéristiques clés du traumatisme qui devraient inciter les médecins à examiner ces patients immédiatement et à prioriser leur prise en charge, l’équipe propose un nouveau système de priorisation qui ne dépend pas du mode d’arrivée aux urgences.
Un des auteurs principaux, le Dr Hirst, urgentiste à l’Hôpital de Bristol raconte « voir chaque année de nombreux enfants blessés amenés au service des urgences pédiatriques. La plupart sont amenés en ambulance, ce qui contraint les services d’alertes préhospitaliers à alerter le service des Urgences de leur arrivée. Cela conduit à la préparation de l’équipe de traumatologie, qui est donc prête à recevoir ces patients dès leur arrivée. Cette prise en charge immédiate est associée à de meilleurs résultats pour les enfants gravement blessés. Nous savons aussi que les enfants amenés par un proche ne bénéficient pas de cet accès rapide aux ressources. Cela entraîne des retards dans l’apport de soins appropriés ».
3 signes d’urgence pédiatrique qui ne doivent pas passer inaperçus
L’étude est menée en centre de traumatologie à Bristol (UK) auprès de 153 enfants, âgés en moyenne de 6 ans, souffrant de traumatismes majeurs : 24 d’entre eux avaient des blessures très sévères, 96 % avaient des blessures sur une partie de leur corps, 92 % présentaient des signes extérieurs évidents de blessure. 14 % avaient des blessures à la tête, 33 % avaient des blessures aux bras ou aux jambes et 12,5 % des blessures intra-abdominales.
- Le score médian de gravité des blessures était de 9 cependant 6 patients (25 %) ont obtenu un score supérieur à 15, ce qui signifie que ces blessures étaient suffisamment graves pour être classées comme traumatisme majeur. 42 % des enfants ont dû être opérés, dont 7 pour une fracture de l'os de la cuisse et 3 pour une neurochirurgie afin d'évacuer les épanchements situés autour du cerveau ou de traiter des fractures du crâne ;
- les blessures résultaient de chutes (12 %), de blessures sportives (6 %), de blessures à vélo (3 %), de chutes (1,4 %) ou inexpliquées ;
- aucun des enfants n’a bénéficié de l’intervention d’une équipe de traumatologie ;
- aucun enfant n'est décédé ;
- ces enfants amenés par des proches ont été vus par des médecins urgentistes
dans un délai moyen de 58,5 minutes précisément dans un délai allant de 3 à 168 minutes ;
- tous les patients ont néanmoins reçu des soins appropriés pour leurs blessures ;
- aucun n’a souffert de séquelles du fait d’avoir été amené aux urgences pédiatriques par ses parents ou un proche, plutôt que par ambulance.
3 signes ne trompent pas et doivent inciter à une prise en charge immédiate : il s’agit :
- d'un gonflement aqueux (œdème) au niveau de la tête,
- d’ecchymoses abdominales et du gonflement
- ou de la déformation de la cuisse.
Si les services d’urgence adoptaient un protocole de triage basé sur ces 3 principaux signes identifiés, cela permettrait de déclencher un examen immédiat par un médecin senior.
L’équipe utilise ces nouveaux marqueurs d’urgence pour améliorer le processus d’accueil et de prise en charge dans leur service des Urgences et réévalueront régulièrement cette nouvelle approche sur la base d’indicateurs de performance clés et des résultats de ces enfants.
Les auteurs ajoutent que la prise en compte des blessures non accidentelles est essentielle aussi pour protéger les enfants qui se présentent aux urgences.
« Bien que les systèmes de santé et les procédures de prise en charge des patients pédiatriques qui arrivent aux Urgence par d’autres moyens qu’une ambulance puissent varier d’un hôpital à l’autre, les résultats de cette étude jettent de nouvelles bases qui pourront contribuer à l’amélioration de tous ces services ».
Source: European Emergency Medicine Congress (EUSEM 2024) 14 Oct, 2024 Abstract OA004 Identifying the walk-in wounded: a case series of paediatric major trauma patients self-presenting to a paediatric major trauma centre
Lire aussi : Services des URGENCES : Mieux les adapter aux soins pédiatriques
Laisser un commentaire