Pour en venir à bout, il faut combiner les approches, conclut à nouveau cette équipe de nutritionnistes, endocrinologues et psychologues, qui travaille à la lutte contre l’obésité. Au-delà d’un bilan des thérapies disponibles, l’équipe met à nouveau l’accent sur les nouveaux agonistes du GLP-1 qui ont aujourd’hui démontré leur efficacité dans la perte de poids. La revue, publiée dans le Journal of Translational Gastroenterology (JTG), plaide, avec l’arrivée de ces nouveaux médicaments, en faveur de thérapies combinées avec toujours, en première intention l’adoption d’un mode de vie plus sain.
L'obésité, l’un des principaux fardeaux sanitaires mondiaux, est étroitement associée à des comorbidités chroniques graves telles que le diabète de type 2, la maladie coronarienne, l'hypertension et d'autres problèmes de santé systémiques, qui toutes sont des causes majeures de décès. De récentes études ont dénoncé le lien entre des régimes alimentaires malsains, riches en sodium et pauvres en fruits et céréales complètes, et la prévalence croissante de l'obésité.
Alors que plus de 500 millions de personnes dans le monde sont obèses et qu’au total l’obésité est en cause dans plus de 4 millions de décès par an, la gestion de l'obésité reste un défi.
Cette revue « fait le tour » des approches disponibles, endoscopiques et chirurgicales, pharmacologiques et psychologiques.
Sous l’angle d’une gestion plus médicale,
ces experts mettent l’accent sur les agonistes du GLP-1 à action prolongée, notamment le sémaglutide, le liraglutide et le tirzépatide qui ont aujourd’hui démontré leur efficacité à induire une perte de poids significative, lors d'essais cliniques. Le sémaglutide, en particulier, a montré une efficacité supérieure au liraglutide, administré par voie orale et sous-cutanée, avec une perte de poids allant de 4,2 % à 15,4 % selon la posologie et le mode d'administration. Le tirzépatide, un agoniste double du récepteur GLP-1 plus récent, a également montré des résultats prometteurs dans la réduction du poids corporel chez les patients atteints de diabète de type 2.
D’autres médicaments restent cependant d’actualité : l’orlistat, un inhibiteur réversible des lipases gastro-intestinales, lorsqu’il est associé à des modifications du mode de vie, permet aussi une perte de poids significative et réduit le risque de diabète. Cependant, ses effets secondaires gastro-intestinaux élevés et ses interactions médicamenteuses limitent l'adhésion au traitement.
La lorcasérine, un agoniste sélectif du récepteur 2C de la sérotonin a montré sa capacité à induire une perte de poids plus modeste, mais aussi plus durable dans les essais cliniques. Cependant, les inquiétudes concernant l'augmentation du risque de cancer ont conduit à son retrait du marché.
L’ère des thérapies combinées
La pharmacothérapie combinée est à l’ordre du jour : c’est le cas de la combinaison pramlintide et phentermine, exénatide et dapagliflozine, ou naltrexone/bupropion, qui montre une efficacité accrue et des effets durables par rapport aux monothérapies.
Des approches thérapeutiques émergentes
Les probiotiques trouvent également leur place dans la lutte contre l’obésité. La modulation du microbiote intestinal par les probiotiques s'est en effet révélée prometteuse, aussi dans la perte de poids. De premières études expérimentales ont ainsi démontré des réductions significatives du poids corporel, du tissu adipeux et du poids du foie avec l'utilisation de Lactobacillus reuteri et de Saccharomyces boulardii.
Des compléments alimentaires sont indiqués pour la perte de poids, à base de plantes notamment, comme la Garcinia cambogia et l'acide linoléique conjugué. Cependant, leur sécurité et leur efficacité restent à valider par des études bien menées.
Les approches chirurgicales et endoscopiques ont maintenant largement fait leurs preuves
- la chirurgie bariatrique : les procédures telles que le pontage gastrique laparoscopique en Y de Roux et la gastrectomie en manchon laparoscopique permettent une perte de poids significative et la réduction des comorbidités. Les progrès récents dans la gastroplastie en manchon endoscopique et d’autres types de chirurgie de l'obésité apportent déjà des résultats prometteurs.
- l’embolisation bariatrique transcathéter, une nouvelle procédure mini-invasive, entraîne une réduction du flux sanguin de la muqueuse gastrique et permet la perte de poids.
- le ballon intragastrique, un dispositif temporaire placés dans l'estomac pour réduire le volume gastrique et l'apport alimentaire, permet aussi une perte de poids significative, bien que généralement temporaire.
Ces experts sont unanimes, la gestion de l'obésité nécessite une approche multimodale, qui intègre :
- des modifications du mode de vie,
- des interventions pharmacologiques,
- des procédures chirurgicales ou endoscopiques.
Les agonistes actuels du GLP-1, comme le sémaglutide, ont changé la donne et élargi les possibilités de thérapies combinées. De nouvelles approches thérapeutiques comme les probiotiques ou les nouvelles techniques de chirurgie bariatrique constituent des alternatives prometteuses pour les patients obèses.
Chaque médecin doit désormais reconnaître l'obésité comme une maladie et adapter les stratégies de gestion en fonction de preuves solides, des profils de sécurité et des objectifs du patient.
Source: Journal of Translational Gastroenterology (JTG) 9 Sept, 2024 DOI : 10.14218/JTG.2023.00040 Obesity and Current Treatment Approaches: A Comprehensive Review
Lire aussi : OBÉSITÉ : Sémaglutide ou chirurgie bariatrique ?
Laisser un commentaire