Les plaies sont courantes chez les personnes qui consomment des opioïdes, notamment des opioïdes illicites, et ces personnes ont souvent des difficultés à accéder aux soins de plaies appropriés, relève cette équipe de médecins primaires, de psychologues et d’addictologues de l’Université de Pittsburgh, qui précise les obstacles à l’accès aux soins, pour ce groupe de population.
L’auteur principal, le Dr Raagini Jawa, médecin spécialiste de la toxicomanie et des maladies infectieuses et professeur de médecine à l'Université de Pittsburgh explique que la xylazine, ou « drogue du zombie », un traquillisant utilisé en anesthésiologie vétérinaire est de plus en plus détecté chez les usagers d’opioïdes illicites. La consommation de ces substances accroît considérablement les comportements à risque et l’incidence des blessures graves.
L’étude, une enquête transversale, cherche précisément à comprendre les expériences de soins de plaies au sein de ce groupe de personnes qui consomment des drogues. L’analyse révèle que :
- la grande majorité des plaies sont associées à l’utilisation de la xylazine ou observées chez des utilisateurs de xylazine au cours de l'année précédente ;
le besoin de soins complets de plaies augmente au sein de ce groupe de population ;
- le « gap » s’accroît entre l’accès à ces soins et la demande ou le besoin de soins ;
- ces plaies entraînent ainsi fréquemment de graves complications, dont des infections, ou deviennent chroniques, accusent un retard de cicatrisation et finalement, dans plus de 25 % des cas, nécessitent une amputation.
- Ainsi, sur les 171 participants interrogés, consommateurs d’opioïdes, 87 % ont signalé des plaies « associées » à la prise de xylazine ;
- Ces usagers de xylazine s’avèrent 10 fois plus susceptibles de recourir à l’injection sous-cutanée ;
- les trois quarts (74 %) déclarent subir une stigmatisation lorsqu’ils recherchent l’aide de professionnels de santé ou des soins pour leurs plaies ;
- 58 % se plaignent d’une gestion inadaptée de la douleur et du sevrage.
« Lorsque les systèmes de santé ne s’adaptent pas aux substances en circulation, les patients sont contraints de se soigner eux-mêmes », relèvent les auteurs, qui ajoutent qu’en matière de soins de plaies, les conséquences sont toujours sévères :
Une bonne cicatrisation des plaies nécessite des soins spécialisés, cohérents et coordonnés,
qui restent difficilement accessibles aux usagers de substance. La plupart des professionnels de soins primaires ne sont pas suffisamment formés pour des soins personnalisés pour ce groupe de patients.
- En pratique, plus de la moitié des usagers de ces substances déclarent nettoyer leurs plaies avec des désinfectants à base d’alcool, qui peuvent être corrosifs pour un lit de plaie délicat et nuire à la cicatrisation ;
- près d’un usager sur 5 ne recouvre pas ses plaies en raison d’un manque d’accès aux dispositifs de pansement appropriés ;
- plus de la moitié de ces usagers porteurs de plaies consomment de l’héroïne ou du fentanyl pour soulager la douleur causée par leurs plaies, associées au départ à la prise de xylazine.
« Bien que nous ne comprenions pas encore parfaitement le mécanisme par lequel la xylazine et d’autres facteurs induisent ces plaies, nous savons qu’il existe une demande et un besoin urgents de soins des plaies de haute qualité et coordonnés avec le traitement de la toxicomanie.
Le tout, sans jugement du professionnel de santé « .
Des expériences sont actuellement menées par l’équipe de recherche pour rationaliser ces soins, notamment en distribuant des dispositifs d’autosoins des plaies et des bandelettes de test de xylazine à ce groupe de patients.
Source: Drug and Alcohol Dependence 22 Aug, 2024 DOI: 10.1016/j.drugalcdep.2024.112390 Drug use practices and wound care experiences in the age of xylazine adulteration
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