Les troubles mentaux se propagent aussi sur les réseaux sociaux et se transmettent ainsi entre les jeunes. C’est la conclusion de cette équipe de recherche de l’Université d'Helsinki, en particulier pour les troubles de l'humeur, de l'anxiété et du comportement alimentaire (TCA). Alors que ces troubles sont tous en augmentation chez les adolescents et les jeunes adultes, ces conclusions, publiées dans le JAMA Psychiatry, engagent à favoriser aussi la communication et les témoignages, sur les réseaux, visant à normaliser le diagnostic et le traitement de ces conditions.
Les troubles mentaux constituent un défi mondial important, car ils affectent négativement la santé et la qualité de vie des individus, les dépenses et le système de santé et la productivité. L’auteur principal, le Dr Christian Hakulinen, de l’Université d’Helsinki souligne que ce sont surtout les symptômes d'anxiété et troubles de l’humeur qui ont augmenté ces dernières années chez les jeunes et rappelle que dans la moitié des cas, les troubles mentaux apparaissent avant l'âge de 18 ans.
De précédentes recherches ont déjà relevé des signes de transmission de symptômes dépressifs d'un individu à l'autre via les réseaux sociaux. Cette propagation possible via les médias sociaux est préoccupante, et leur prévention devrait être la plus précoce possible.
L’étude, la plus vaste et la plus complète sur le rôle possible des réseaux sociaux sur la « propagation » des troubles mentaux, analyse les données de santé à l'échelle de la population, de plus de 700.000 adolescents âgés de 15-16 ans et suivis pendant une durée médiane de 11 ans. Cette analyse révèle que :
- le nombre « d’amis » du réseau social, diagnostiqués avec un trouble mental est associé à un risque plus élevé de recevoir un diagnostic de trouble mental plus tard dans la vie ;
- ce lien est plus fort au cours de la première année de suivi de l’étude, donc à un âge plus jeune ;
- ce lien est également plus marqué dans le cas des troubles de l’humeur, de l’anxiété et des TCA ;
- le lien observé dans l’étude n’est pas nécessairement causal.
De plus, l’étude n’a pas regardé comment les troubles mentaux peuvent potentiellement se transmettre entre ces étudiants. Mais il est probable que l’exposition aux symptômes d’un grand nombre de contacts puisse induire aussi des symptômes chez l’utilisateur. Les chercheurs suggèrent aussi, qu’après avoir été exposé à un grand nombre de symptômes d’autres utilisateurs, un individu est moins enclin à partager ses propres symptômes ou à rechercher de l’’aide.
Les chercheurs suggèrent donc de mobiliser les réseaux contre la discrimination et d’encourager plutôt les contributions positives d’utilisateurs ayant consulté pour leurs symptômes, ayant été diagnostiqués, pris en charge et traités, et qui peuvent aujourd’hui témoigner qu’il existe des thérapies, et que la récupération est possible.
Source: JAMA Psychiatry 22 May, 2024 DOI : 10.1001/jamapsychiatry.2024.1126 Transmission of mental disorders in adolescent peer networks: a Finnish nationwide registry study
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