Des niveaux élevés d’ozone et de pollen de graminées – des allergènes responsables de la rhinite allergique – sont attendus pour les Jeux olympiques et paralympiques de Paris, en particulier si le temps reste chaud et ensoleillé, relève cette équipe de chercheurs de différents instituts de recherche français, dont le Réseau National de Surveillance Aérobiologique (RNSA) et Airparif. Des irritants respiratoires, avec lesquels devront composer les athlètes des Jeux olympiques et paralympiques de 2024, suggère cette analyse des données historiques de surveillance de la qualité de l’air pour la ville de Paris au cours des étés précédents, publiée dans le British Journal of Sports Medicine.
Les athlètes par définition en très bonne condition physique, peuvent être affectés par ces facteurs environnementaux, notent ces chercheurs. Respirer des polluants atmosphériques pendant l’exercice entraîne des risques pour la santé, en fonction des niveaux d’exposition et des conditions ou vulnérabilités sous-jacentes.
Les athlètes d’endurance particulièrement sensibles aux symptômes allergiques
L’étude tente d’estimer l’impact possible de la qualité de l’air sur les athlètes, mais aussi sur les spectateurs, via l’analyse des données horaires historiques, relevées entre juillet et septembre, pour les polluants atmosphériques (2020-23) et les pollens (2015-22). Ces données collectées auprès de 50 stations de surveillance automatique permanentes du réseau Airparif pour la région parisienne, via les capteurs du Réseau de Surveillance Aérobiologique (RNSA) comprennent les niveaux de fond d’ozone (O3), de dioxyde d’azote (NO2) et de particules fines (PM2,5) jusqu’à une distance de 12,5 mètres (ville de Paris) à 50 mètres (toute la région).
Quels sont « les seuils admissibles ? L’Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande de ne pas dépasser les seuils de qualité de l’air (air quality thresholds : AQTs) pendant plus de 3 à 4 jours par an, soit 15 µg/m3 par 24 heures pour les PM2,5, 25 µg/m3 par 24 heures pour le NO2 et 100 µg/m3 par 8 heures pour l’O3.
Ici, l’analyse révèle :
- une moyenne quotidienne maximale de PM2,5 entre juillet et septembre de 11 µg/m3 aux stations de surveillance du trafic, donc inférieure au AQT quotidien recommandé ;
- en revanche, les niveaux moyens quotidiens de NO2 atteignent 40 µg/m3, qui dépassent le seuil recommandé ;
- des pics de PM2,5 et de NO2 sont identifiés vers 8h00 et 20h00, heure locale ;
- le niveau d’O3 dépasse les limites recommandées 20 jours par mois et atteint également un pic à 16 heures :
- l’inhalation d’ozone peut provoquer une inflammation des voies respiratoires, entraînant leur constriction, une toux et un essoufflement.
- les niveaux de pollen marquent un pic en juin, puis chutent jusqu’en septembre. Et entre juillet et septembre, le niveau général de pollen est 3 fois inférieur à celui du printemps ;
- au total, 19 types de pollen différents sont identifiés pendant les mois d’été, mais les Urticacées (orties) et les Poacées (pollen de graminées) représentant plus de 92 % du total des pollens identifiés.
Les Poacées sont très allergisantes.
Si les chercheurs reconnaissent des limites à leurs conclusions, -notamment l’absence de mesures directes pour chaque site olympique individuel et l’absence de prise en compte des changements de trafic pendant les Jeux : qui pourraient aggraver ces données-, ils concluent que « malgré le manque de preuves d’un effet additif de l’ozone et des PM2,5 sur l’association entre les polluants et la mortalité, des effets plus importants des polluants atmosphériques sont observés lorsque les températures sont plus élevées. »
Que disent les études ?
- Des études d’acclimatation menées auprès de participants volontaires en bonne santé, soumis à des concentrations d’ozone très élevées suggèrent que les premiers jours d’exposition entrainent les symptômes respiratoires les plus marqués, ainsi qu’un déclin de la fonction pulmonaire ;
- au moins 3 jours d’adaptation sont nécessaires, voire plus pour les personnes fortement réactives ;
- il existe des preuves que les personnes habituées à l’ozone ou à la pollution de l’air liée au trafic peuvent en subir des effets réduits, à la fois sur la santé ou les performances sportives ;
- il reste peu probable que cette exposition puisse « être un problème » pour les personnes et les athlètes en bonne santé, mais elle pourrait affecter celles qui, en raison de l’âge ou de conditions sous-jacentes, peuvent être plus vulnérables.
« D’une manière générale, nos données suggèrent que les concentrations observées pourraient avoir un impact limité sur les personnes en bonne santé qui seront à Paris pendant une courte période pendant les Jeux olympiques et paralympiques, mais pourraient avoir un impact plus important sur certains groupes vulnérables, comme les personnes atteintes de maladies chroniques (cancer, BPCO, diabète, maladies cardiovasculaires, asthme, etc.), les enfants et les personnes âgées, et en particulier celles qui sont très sensibles aux polluants ».
Source: British Journal of Sports Medicine 25 July, 2024 DOI: 10.1136/bjsports-2024-108129 Paris air quality monitoring for the 2024 Olympics and Paralympics: focus on air pollutants and pollen
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