Aux États-Unis, la crise des opioïdes s’amplifie, cependant s’il est désormais plus facile de traiter la dépendance aux opioïdes avec des médicaments, l'utilisation de ces produits de substitution reste curieusement stable : en pratique, si la prescription de buprénorphine est plus simple, cela n’a pas entraîné une forte augmentation des prescriptions, conclut cette étude menée à l’Université du Michigan (UM) soutenue par le National Institute on Drug Abuse (NIDA/NIH) et publiée dans le New England Journal of Medicine (NEJM). Un résultat étonnant alors que pendant des années, durant lesquelles les décès par surdose d’opioïdes augmentaient considérablement, les médecins avaient besoin d’une autorisation spéciale pour prescrire la buprénorphine.
Ainsi la crise des opioïdes se poursuit sans grands changements de prise en charge, pour aider les patients à surmonter leur dépendance et à éviter les overdoses et alors que tous les médecins, aux États-Unis, sont autorisés à prescrire de la buprénorphine.
L'étude révèle que le nombre de prescripteurs de buprénorphine a augmenté rapidement après le changement de politique. En décembre 2023, plus de 53.600 cliniciens avaient prescrit de la buprénorphine, soit une augmentation de 11.500 vs décembre 2022. Cependant, l’augmentation du nombre de prescripteurs n’a pas vraiment entraîné d’augmentation significative du nombre de patients en bénéficiant :
- au cours d'un mois donné de 2022, environ 810.000 à 830.000 patients (américains) se sont vu prescrire de la buprénorphine et ces chiffres sont restés stables depuis après janvier 2023.
La nouvelle règlementation élargissant les conditions de prescription de la buprénorphine n’a donc pas entraîné une augmentation du nombre de patients pouvant en bénéficier au cours de la première année de mise en œuvre. Des résultats d’autant plus inquiétants que les patients éligibles dépendants aux opioïdes doivent souvent prendre de la buprénorphine quotidiennement pendant des mois, voire des années, pour surmonter leur dépendance à l’opioïde, qu’il s’agisse d’héroïne, d’analgésiques sur ordonnance comme l’hydrocodone et l’oxycodone, ou d’opioïdes synthétiques comme le fentanyl.
Réduire les obstacles règlementaires à la prescription de buprénorphine ne suffit donc pas.
Une formation des médecins s’impose, suggèrent les chercheurs. Ils ajoutent qu’il s’agit aussi de surmonter la stigmatisation liée au traitement des personnes dépendantes aux opioïdes et la difficulté d’ajouter de nouveaux types de soins et de soutien dans les services de soins primaires et les cliniques spécialisées dans le traitement de la douleur, déjà surchargées par d’autres demandes de patients.
L’UM a développé tout un réseau de santé pour la prévention des surdoses, et continue d'offrir des consultations, des formations en ligne à la demande ainsi que des outils de dépistage des troubles liés à l'usage d'opioïdes.
Source: New England Journal of Medicine (NELM) DOI: 10.1056/NEJMc2312906 Buprenorphine Dispensing after Elimination of the Waiver Requirement
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