Alors que les études sont plus nombreuses sur le jeûne intermittent, une autre forme de restriction alimentaire trouve de plus en plus d’adeptes : le jeûne hydrique prolongé. De multiples allégations de santé, dont la perte de poids corporel et des améliorations sur de nombreux marqueurs métaboliques et cellulaires font aujourd’hui son succès. Mais quelles sont à ce jour les données de la science sur les effets de tels régimes sur la santé ? Cette méta-analyse, menée par une équipe de l’Université de l’Illinois à Chicago et publiée dans les Nutrition Reviews fait le point sur les avantages, et les inconvénients d’une telle restriction.
Le jeûne hydrique consiste à avaler uniquement de l'eau et des liquides (café, thé, ou bouillon de légumes) pendant 1 à plusieurs jours, voire plusieurs semaines, sa durée moyenne, telle que pratiquée étant comprise entre 3 et 7 jours. L'objectif de cette revue de la littérature était de résumer les effets de ce type de jeûne prolongé sur différents marqueurs métaboliques, dont le poids corporel, la tension artérielle, les lipides plasmatiques et le contrôle glycémique.
L’étude, une méta-analyse des recherches portant sur le sujet, révèle qu'un jeûne prolongé pendant 5 à 20 jours produit :
une perte de poids légère à modérée de 2 à 10 % ;
- une forte augmentation des cétones en circulation, qui viennent au bout de 24 à 72 heures remplacer le glucose en tant que source d'énergie ;
- les 2 tiers de la perte de poids sont constitués de masse maigre, et 1 tiers de masse grasse ;
- cette perte excessive de masse maigre suggère que le jeûne prolongé peut favoriser la dégradation des protéines musculaires, donc la perte musculaire ;
- une diminution systématique de la pression artérielle systolique et diastolique ;
- des effets mitigés sur les niveaux de lipides plasmatiques est moins clair : ainsi, certains essais démontrent une diminution du cholestérol LDL et des triglycérides, d’autres n’identifient aucun bénéfice ;
- des réductions de la glycémie à jeun, de l'insuline à jeun, de la résistance à l'insuline et de l'hémoglobine glyquée (HbA1c), en particulier chez les participants présentant une glycémie dans la fourchette normale ;
- mais, en revanche, ces facteurs glucorégulateurs ou hypoglycémiants sont restés inchangés chez les patients diabétiques de type 1 ou de type 2.
Quels effets de la réalimentation ? Quelques essais ont démontré que 3 à 4 mois après la fin du jeûne, tous les bénéfices métaboliques sont perdus, même lorsque la perte de poids était maintenue.
Quels événements indésirables ? Les chercheurs rappellent la phase d’acidose métabolique qui correspond au passage du glucose aux cétones, avec ses symptômes typiques : des maux de tête, l'insomnie et bien sûr la sensation de faim qui perdure durant les premiers jours.
En conclusion, bien que de plus en plus largement pratiqué, le jeûne prolongé s’avère, selon ces études scientifiques, une thérapie diététique modérément sûre qui peut certes entraîner une perte de poids cliniquement significative (> 5 %) sur quelques jours, qui peut permettre « un redémarrage du métabolisme » mais qui ne semble pas apporter des améliorations durables sur la santé métabolique.
Les chercheurs rappellent que ce type de restriction nécessite une surveillance médicale et suggèrent, néanmoins, qu’en regard de nos modes de vie et régimes occidentaux, ce type de thérapie diététique mérite tout de même de plus amples recherches.
Source: Nutrition Reviews 5 May, 2024 DOI : 5, May 2024 DOI : 10.1093/nutrit/nuad081 Efficacy and safety of prolonged water fasting: a narrative review of human trials
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