Cette étude menée par des biologistes et des nutritionnistes de l’Université de Washington (UW) explique aux femmes enceintes, et à leurs médecins, pourquoi il convient d’éviter la consommation de restauration rapide et d’aliments ultra-transformés durant la grossesse. Et l’explication, développée dans la revue Environment International n’est pas celle qu’on attendait : ce sont les niveaux plus élevés de phtalates présents dans les conditionnements notamment -et non d’acides gras saturés- qui sont ici pointés du doigt.
Ce sont ces composés toxiques des conditionnements qui touchent ces aliments, et les phtalates notamment, présents dans les plastiques, qui peuvent « contaminer » les aliments voire même ceux des gants en plastique portés par les manipulateurs lors de leur production, expliquent les chercheurs. Et une fois ingérés, ces composés chimiques pénètrent dans la circulation sanguine, à travers le placenta, puis dans la circulation sanguine fœtale.
Les phtalates peuvent provoquer un stress oxydatif et une cascade inflammatoire chez le fœtus
Les chercheurs citent de précédentes recherches ayant montré que l’exposition aux phtalates pendant la grossesse peut augmenter le risque d’insuffisance pondérale à la naissance, de naissance prématurée et de troubles de la santé mentale (TSA, TDAH) chez l’enfant à naître, plus tard dans la vie.
L’étude menée auprès de femmes enceintes est en fait l’une des premières à montrer qu’un régime alimentaire riche en aliments ultra-transformés est lié à une plus grande exposition aux phtalates. L’auteur principal, le Dr Sheela Sathyanarayana, pédiatre à l’UW Medicine et chercheuse au Seattle Children’s Research Instituteconfirme : « lorsque les mamans sont exposées à ce composé chimique, il peut traverser le placenta et entrer dans la circulation fœtale ». L’analyse des données de la cohorte Conditions Affecting Neurocognitive Development and Learning in Early Childhood (CANDLE), de précisément 1.031 participantes enceintes et notamment des niveaux de phtalates mesurés dans des échantillons d’urine collectés pendant le deuxième trimestre de leur grossesse, révèle que :
- les aliments ultra-transformés représentent 10 à 60 % de l’alimentation des participantes, 39 % en moyenne ;
- chaque augmentation de 10 % d’aliments ultratransformés est associée à une augmentation de 13 % de la concentration de phtalate di(2-éthylhexyle), l’un des phtalates les plus courants et les plus nocifs.
Les chercheurs alertent sur le fait que les aliments ultra-transformés, comme les préparations à gâteaux emballées, les frites surgelées, les pains à hamburger ou encore les boissons gazeuses, sont modifiés par la transformation et l’ajout de produits chimiques et de conservateurs afin d’améliorer leur apparence ou leur durée de conservation. Les gants portés par les employés ainsi que le matériel ou les outils de préparation et de stockage sont également des sources d’exposition. Enfin, il faut également noter que la consommation d’aliments ultra-transformés est également associée aux caractéristiques socio-économiques des mères. Les mères qui font face à des difficultés financières et vivent dans des « déserts alimentaires » sont plus fortement exposées à ces phtalates « alimentaires ».
Si les chercheurs appellent à de nouvelles règlementations, plus rigoureuses, pour prévenir cette fore de contamination alimentaire, il est probable que leur mise en œuvre mettra un certain temps. C’est pourquoi, ils s’adressent également aux femmes enceintes et leur recommandent d’opter, autant que possible, pour des fruits, des légumes et des viandes maigres.
« Recherchez le nombre d’additifs le plus faible et cherchez à comprendre leurs effets ».
Source: Environment International 3 Jan, 2024 DOI: 10.1016/j.envint.2024.108427 Ultra-processed and fast food consumption, exposure to phthalates during pregnancy, and socioeconomic disparities in phthalate exposures
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