La compréhension de l’infection COVID n’en finit pas de progresser, avec l’identification de complications spécifiques comme le syndrome post-COVID qui ne touche pas moins de 10 % des patients diagnostiqués. Cette équipe de virologues de l’Université de Californie (UC) San Diego documente ici, dans la revue eBioMedicine, une nouvelle forme de la maladie, le MIP-C, un syndrome post-COVID, de dermatomyosite et de maladie pulmonaire interstitielle qui entraîne des cicatrices pulmonaires et évolue parfois vers le décès.
L’étude, observationnelle et rétrospective, apparaît résoudre un mystère médical : l’émergence post-COVID d’une maladie auto-immune très rare appelée MDA5, une dermatomyosite (DM : autoantibody associated dermatomyositis) associée aux auto-anticorps chez des patients ayant contracté le COVID et développé -ou pas- des symptômes même très modérés. Ainsi, certains de ces patients ayant développé MDA5 se souviennent avoir pu « attraper » le COVID mais n’ont même développé aucun symptôme de la maladie.
Certains des patients présentent également de graves cicatrices pulmonaires avec certains des symptômes rhumatologiques, des éruptions cutanées, de l’arthrite, des douleurs musculaires, autant de symptômes couramment associés à la maladie pulmonaire interstitielle.
L’équipe a donc souhaité approfondir ce lien entre la dermatomyosite MDA5-positive et le COVID-19. D’autant que certains des ces patients progressent rapidement vers la mort.
L’étude utilise un puissant outil informatique du Center for Precision Computational Systems Network, nommé « BoNE », qui permet d’extraire des informations exploitables à partir de toutes les formes de big data -ici la base de données des NHS. De précédentes recherches de la même équipe avec BoNE ont ainsi permis d’identifier d’autres syndromes pulmonaires et cardiaques liés au COVID. L’équipe a commencé par détecter l’auto-anticorps contre le MDA5 chez 60 patients présentant ces symptômes. Au total, 25 des 60 participants ont développé des cicatrices pulmonaires, également connues sous le nom de maladie pulmonaire interstitielle. Certaines de ces cicatrices pulmonaires ont entraîné le décès de 8 participants, en raison d’une fibrose progressive. L’analyse constate que :
- les participants qui présentent le niveau le plus élevé de réponse (auto-anticorps) MDA5 présentent également des taux élevés d’interleukine-15 ; l’interleukine-15 étant une cytokine qui peut activer 2 principaux types de cellules immunitaires et déclencher un phénotype immunologique qui est très, très souvent considéré comme la marque d’une maladie pulmonaire interstitielle progressive, ou fibrose pulmonaire ;
- un polymorphisme nucléotidique unique spécifique est également identifié, comme protecteur contre ce nouveau syndrome ou pneumopathie interstitielle liée au COVID.
Ce nouveau syndrome post-COVID est aujourd’hui nommé « MIP-C »
pour Interstitial Pneumonitis Contemporaneous with the COVID-19 Pandemic.
Il est extrêmement improbable que le MIP-C se limite au Royaume-Uni, concluent les chercheurs. Des rapports de symptômes du MIP-C proviennent du monde entier.
Source: eBioMedicine 8 May, 2024 DOI: 10.1016/j.ebiom.2024.105136 MDA5-autoimmunity and interstitial pneumonitis contemporaneous with the COVID-19 pandemic (MIP-C)
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