Ce n’est pas la première étude à associer la sédentarité à l’enfance et les lésions cardiaques à l’âge adulte. Cette équipe de cardiologues de University of Eastern Finland (Kuopio), de Bristol et d’Exeter, confirme cette association, en particulier entre la sédentarité et l’hypertrophie ventriculaire, mais révèle aussi, dans l’European Journal of Preventive Cardiology qu’il est possible d’inverser ce risque cardiaque par la pratique dès l’enfance d’une activité physique même légère.
L’hypertrophie ventriculaire gauche fait référence à une augmentation excessive de la masse et de la taille du cœur. Chez les adultes, l’hypertrophie cardiaque augmente le risque de crise cardiaque, d’accident vasculaire cérébral (AVC) et de décès prématuré.
De précédentes études menées sur le même groupe d’âge ont établi un lien entre une sédentarité excessive et une inflammation accrue, un taux élevé d’insuline, une obésité, une adiposité, une dyslipidémie et une rigidité artérielle. L’activité physique légère a déjà été décrite comme une approche efficace pour réduire les effets néfastes de la sédentarité infantile. Cependant, c’est la première étude à confirmer qu’une pratique à long terme et dès l’enfance d’une activité physique légère régulière a le potentiel d’inverser l’augmentation de la masse cardiaque.
L’étude a suivi 1.682 enfants de l’âge de 11 ans à 24 ans, pris en compte leur pratique d’une activité physique durant l’enfance et l’incidence des événements et maladies cardiaques plus tard dans la vie. Précisément, les chercheurs ont pris en compte les données d’accéléromètre et d’échocardiographie répétée : les participants ont porté des accéléromètres à la taille à l’âge de 11, 15 et 24 ans pendant 4 à 7 jours et passé des échocardiographies de la structure et de la fonction cardiaques à l’âge de 17 et 24 ans. Des analyses de sang à jeun ont également permis de mesurer, à plusieurs reprises, le cholestérol LDL et HDL, les triglycérides, le glucose, l’insuline et la protéine C-réactive. La tension artérielle, la fréquence cardiaque, le statut tabagique, le statut socio-économique, les antécédents familiaux de maladies cardiovasculaires, ainsi que la composition corporelle ont également été pris en compte. L’analyse constate que :
- au départ, les enfants consacraient en moyenne 6 heures par jour à des activités sédentaires, ;
- une fois jeunes adultes, en moyenne 9 heures par jour ;
- une sédentarité accrue depuis l’enfance jusqu’au début de l’âge adulte induit une hypertrophie cardiaque, quelle que soit le statut de l’’obésité ou de l’hypertension ;
- la sédentarité apparaît contribuer à hauteur de 40 % à l’augmentation totale de la masse cardiaque au cours de cette période de croissance ;
- une activité physique légère suffit à inverser ce risque de lésions cardiaques prématurées ;
- une pratique moyenne de 3 à 4 heures par jour d’activité physique légère tout au long du suivi réduit l’augmentation de la masse cardiaque de 49 % ;
- la fonction cardiaque apparaît associée de manière dose-dépendante au temps d’activité et inversement à la sédentarité ;
- la pratique d’une activité physique modérée à vigoureuse entraîne des signes d’augmentation légère de la taille du cœur, de 5 %, ce qui constitue une réponse physiologique normale.
« Il est de plus en plus évident que la sédentarité des enfants constitue une menace pour la santé publique, qui doit être prise au sérieux. Il doit y avoir un changement de paradigme dans la façon dont nous percevons la sédentarité des enfants, car les preuves de plus en plus nombreuses laissent augurer
une véritable bombe à retardement »,
conclut l’un des auteurs principaux, le Dr Andrew Agbaje, professeur agrégé d’épidémiologie et de pédiatrie.
Source: European Journal of Preventive Cardiology 7 May, 2024 DOI: 10.1093/eurjpc/zwae129 Accelerometer-based Sedentary Time and Physical Activity from Childhood through Young Adulthood with Progressive Cardiac Changes: A 13-Year Longitudinal Study
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