Ces scientifiques de l’University of Central Florida viennent de développer une thérapie « originale » et prometteuse pour tuer les bactéries hypervirulentes : un peptide antimicrobien qui nous vient de la vache et a le potentiel de traiter les infections incurables causées par les bactéries présentes dans les intestins. Ces travaux, publiés dans les Cell Reports Physical Science s’attaquent notamment au défi du biofilm, associé à la plupart des antibiorésistances.
L’auteur principal, Renee Fleeman, travaille à la lutte contre l’antibiorésistance. Sa nouvelle thérapie utilise un peptide antimicrobien provenant de la vache. Cette recherche confirme la capacité de ce peptide à traiter les infections causées par la bactérie Klebsiella pneumoniae. La bactérie, que l’on trouve couramment dans les intestins, est généralement inoffensive mais devient en effet très dangereuse lorsqu’elle pénètre dans d’autres parties du corps. Alors K. pneumoniae peut provoquer une pneumonie, des infections urinaires et des plaies. Les personnes les plus à risque comprennent les personnes âgées et les patients souffrant d’autres problèmes de santé tels que le diabète, le cancer, l’insuffisance rénale et les maladies du foie. Cependant, les jeunes adultes ou, plus largement, les personnes en bonne santé peuvent aussi développer des infections urinaires et des plaies contre lesquelles les antibiotiques disponibles ne sont pas efficaces.
On sait que l’antibiorésistance constitue une menace croissante pour la santé publique mondiale. Chaque année, les infections résistantes tuent environ 5 millions de personnes dans le monde. Une grande partie de ces décès sont imputables à K. pneumoniae car son taux de mortalité est de 50 % sans antibiothérapie.
Le biofilm constitue un autre défi : les bactéries sont encore plus résistantes lorsqu’elles se regroupent et forment un biofilm.
60 à 80 % des infections sont associées à des biofilms bactériens,
et le biofilm augmente leur résistance aux médicaments.
Percer le biofilm et exposer la bactérie constitue une stratégie classique pour contrer la résistance.
Cela permet que la bactérie soit tuée par le système immunitaire ou par les antibiotiques. Or certains peptides fabriqués par les vaches peuvent venir à bout de la structure visqueuse du biofilm, le pénétrer et détruire les bactéries qui ne sont plus protégées.
Le peptide « polyproline » peut ainsi pénétrer et briser la barrière visqueuse du biofilm, à peine 1 heure après le traitement.
- une fois qu’il a franchi la barrière protectrice visqueuse, les tests confirment qu’il est plu efficace à tuer les bactéries K. pneumoniae que les antibiotiques utilisés en dernier recours ;
- les peptides percent des trous dans la membrane cellulaire de la bactérie, provoquant ainsi leur mort plus rapidement que d’autres antibiotiques qui inhibent la croissance depuis l’intérieur de la cellule ;
- le peptide pourrait également être utilisé comme traitement topique pour un large éventail d’indications, notamment pour
traiter les plaies ouvertes sur le terrain.
« Il reste », écrit l’auteur, « à comprendre la biologie derrière cette efficacité du peptide et à déterminer si en combinaison avec d’autres médicaments son administration et sin efficacité thérapeutique pourraient être optimisées.
On estime que d’ici 2050, les infections bactériennes résistantes aux antibiotiques seront la première cause de décès humains. Nous devons préparer cette bataille de l’ère post-antibiotique, où les antibiotiques courants ne seront plus efficaces, mettant en danger le traitement du cancer, les greffes et les progrès médicaux qui reposent sur des thérapies antibiotiques ».
Source: Cell Reports Physical Science 13 March, 2024 DOI: 10.1016/j.xcrp.2024.101869 Polyproline peptide targets Klebsiella pneumoniae polysaccharides to collapse biofilms
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