Cette observation d’un animal, se soignant spontanément une plaie à la joue, à l’aide d’une plante médicinale, documentée dans les Scientific Reports est intéressante à plus d’un titre. Sur un plan évolutif, le réflexe sophistiqué de survie de l’animal, qui selon les chercheurs, pourrait être issu d’un ancêtre commun partagé par les humains et les grands singes et sur un plan plus immédiatement clinique, la capacité élevée de cicatrisation de la plante en question, Akar Kuning (Fibraurea tinctoria), une plante grimpante déjà utilisée en médecine traditionnelle.
L’orang-outan de Sumatra a été observé en train d’appliquer des feuilles mâchées d’Akar Kuning pour traiter une plaie ouverte à la joue. La plante en question est déjà connue pour ses bénéfices contre la dysenterie, le diabète et le paludisme. Sur le plan de l’évolution, si plusieurs espèces de primates sauvages ont déjà été observées en train d’avaler, de mâcher des plantes aux propriétés médicinales, c’est le premier rapport d’application de plantes mâchées sur une blessure par un animal sauvage.
Une plante médicinale aux vertus cicatrisantes
Un protocole de soins sophistiqué : le grand singe a mâché la tige et les feuilles d’Akar Kuning avant d’appliquer à plusieurs reprises sur sa plaie, le liquide ainsi généré, et cela pendant 7 minutes. L’animal a ensuite appliqué, tel un pansement, les feuilles mâchées sur la plaie, jusqu’à la recouvrir entièrement. Aucune infection de la plaie dans les jours suivant ce traitement n’a été observée, la plaie s’est refermée en 5 jours et a été complètement guérie en 1 mois. Le comportement observé paraît tellement intentionnel, que les chercheurs émettent l’hypothèse de son développement chez un ancêtre commun partagé par les humains et les grands singes.
La plante Akar Kuning présente ainsi un potentiel de cicatrisation élevé, relèvent ces chercheurs qui font plus largement état de propriétés antibactériennes, anti-inflammatoires, antifongiques et antioxydantes. Les observations suggèrent que feuilles mâchées semblent également avoir calmé la douleur et l’inflammation, tout en accélérant la cicatrisation de la plaie.
Source: Scientific Reports DOI: 10.1038/s41598-024-58988-7 2 May 2024 Active self-treatment of a facial wound with a biologically active plant by a male Sumatran orangutan
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