Ces virologues du St. Jude Children’s Research Hospital montrent que l’amélioration de la santé métabolique avant la vaccination, mais pas après, permet une meilleure protection vaccinale, ici contre la grippe. Des conclusions présentées dans la revue Nature Microbiology qui contribuent à expliquer pourquoi les personnes obèses sont moins bien protégées par la vaccination et suggèrent l’utilité d’un petit régime alimentaire, quelques semaines avant la vaccination, pour les personnes souffrant de troubles métaboliques.
Les auteurs principal, Ana Vazquez-Pagan et Stacey Schultz-Cherry, chercheurs au St. Jude Graduate School of Biological Sciences commentent la recherche : « nous constatons que les vaccins fonctionnent efficacement si, au moment de la vaccination, le modèle est en bonne santé métabolique ».
Dysfonctionnement métabolique et protection vaccinale réduite
La santé métabolique définie, entre autres facteurs par la tension artérielle, le taux de sucre dans le sang et de cholestérol, influence ainsi l’efficacité de la vaccination contre la grippe. On savait déjà que la vaccination est moins efficace chez les personnes obèses que chez celles ayant un indice de masse corporelle (IMC) plus sain, l’équipe de Memphis montre que ce n’est pas l’obésité elle-même, mais plutôt le dysfonctionnement métabolique, qui fait la différence.
De précédentes recherches avaient suggéré, déjà sur des souris modèles d’obésité, que lorsqu’elles sont exposées au virus de la grippe, même après la vaccination, 100 % de ces souris obèses succombent à la maladie. Des souris vaccinées alors qu’elles sont obèses et qui retrouvent un poids santé après la vaccination ne sont pas mieux protégées.
L’étude menée chez des souris modèles d’obésité révèle que :
- le passage à une alimentation saine 4 semaines avant la vaccination contre la grippe, mais pas après, protège complètement du risque de complications sévères de la grippe, dont le décès, malgré l’IMC.
« Obtenir un taux de survie de 100 % avec le vaccin alors que nous n’avions constaté qu’un taux de survie nul chez ces souris obèses est impressionnant. ».
Cette amélioration de la survie post-vaccination, avec un seul régime de 4 semaines avant, suggère la découverte d’un principe sous-jacent déterminant dans l’efficacité du vaccin contre la grippe.
Explication : le dysfonctionnement métabolique entrave le système immunitaire : en examinant comment la fonction métabolique influence les réponses au vaccin contre la grippe, les scientifiques constatent que :
- une mauvaise santé métabolique entraîne un dysfonctionnement du système immunitaire ;
- les cellules T, les principales cellules immunitaires impliquées dans les réponses antivirales, ne parviennent pas à s’activer suffisamment chez les animaux métaboliquement « malsains » au moment de la vaccination ;
- même lorsque les animaux reçoivent une alimentation saine après la vaccination et reviennent à un IMC normal, les cellules T antigrippe restent comme paralysées dans cet état dysfonctionnel ;
- cependant, quelques semaines d’une alimentation saine avant la vaccination suffisent à booster la fonction des lymphocytes T, soit la fonction immunitaire et à entraîner une réponse antigrippe robuste lors d’une exposition ultérieure au virus ;
- ce régime alimentaire plus sain avant la vaccination a également réduit l’inflammation : les cytokines pro-inflammatoires sont régulées positivement chez les animaux obèses mais le niveau de cytokines est très réduit par le passage à une alimentation saine avant la vaccination.
« Une alimentation saine réduit la méta-inflammation systémique chez ces animaux qui retrouvent une bonne partie des réponses immunitaires innées épithéliales ».
Et chez l’Homme ? L’amélioration de la santé métabolique pourrait également améliorer l’efficacité vaccinale. C’est la santé métabolique au moment de la vaccination qui fait vraiment la différence. Ainsi, ces conclusions qui devront être validées chez les humains, suggèrent que les méthodes visant à améliorer la santé métabolique avant la vaccination pourrait permettre des réponses vaccinales plus robustes.
L’utilisation de médicaments destinés à améliorer le métabolisme, en particulier les agonistes de GLP-1, pourrait contribuer à cette préparation métabolique à la vaccination.
Source: Nature Microbiology 18 April, 2024 DOI : 10.1038/s41564-024-01677-y Diet switch pre-vaccination improves immune response and metabolic status in formerly obese mice
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