Les effets de la maltraitance à l’enfance, sur la santé mentale et la santé physique aussi, ne sont plus à démontrer. Cependant, rares sont les études à s’intéresser à la violence verbale, une forme de maltraitance à part entière. Cette équipe de psychologues et de pédiatres de l’Université College London (UCL) estime, pour la première fois, au-delà du fardeau sanitaire, le fardeau économique de la violence verbale commise par des adultes, à l’encontre d’enfants. Si cette estimation, qui atteint 300 milliards de dollars dans le monde peut certainement être discutée ou précisée, elle sensibilise certainement à l’urgence de prévenir cette forme de maltraitance à l’égard des enfants.
Ces données ont été présentées lors de la première conférence internationale sur la violence verbale vis-à-vis des enfants, organisée par l’UCL, Words Matter et l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Cette réunion d’experts du monde entier marque en elle-même l’urgence de prévenir ces dommages causés à vie par la violence verbale durant l’enfance.
Les mots comptent et peuvent blesser aussi
La violence verbale durant l’enfance est ici caractérisée par des comportements et des paroles qui peuvent nuire au bien-être de l’Enfant, comme le rabaisser, lui « crier dessus », l’insulter ou le menacer. L’auteur principal, Xiangming Fang, professeur à l’Université de Chine et d’État de Géorgie
L’étude analyse les données d’enquêtes portant sur la violence exercée à l’encontre des enfants, menées par les US Centers for Disease Control and Prevention (CDC) dans 4 pays : le Cambodge (1.212 participants), le Kenya (1.099 participants), la Colombie (1.415 participants) et la Moldavie (906 participants) afin de préciser les effets de la violence verbale durant l’enfance sur plusieurs résultats de santé, notamment la détresse mentale, l’automutilation, la consommation de substances et d’alcool. L’étude a également estimé le nombre total d’années de vie en bonne santé perdues (DALY) en raison de décès prématurés ou de handicaps causés par la violence verbale, afin, dans un deuxième temps d’évaluer le coût économique de cette forme de maltraitance à l’enfance. Cette analyse estime :
- le fardeau économique moyen de la violence verbale durant l’enfance dans les 4 pays de l’étude s’élève à 0,34 % du PIB ;
- cela équivaut, au niveau mondial à environ 300 milliards de dollars chaque année ;
- le nombre d’années en bonne santé perdues en raison de la violence verbale dépasse celui attribuable au cancer du sein et au cancer du foie dans les 4 pays étudiés, et est comparable à celui attribuables aux maladies cardiaques…
« La violence verbale envers les enfants par des adultes est courante et constitue l’une des causes modifiables les plus importantes de troubles de la santé mentale », concluent les auteurs.
La recherche apporte une première sensibilisation à la violence verbale durant l’enfance en montrant qu’elle peut être aussi nocive que d’autres formes de violence et avoir des effets néfastes importants sur la santé et le développement mental et physique des enfants :
« Nous avons tous le devoir de traiter les enfants avec respect et cela inclut les mots et le langage que nous utilisons avec eux ».
Source: University College London (UCL) Reports and Proceedings 10 April, 2024 Economic burden of childhood verbal abuse by adults estimated at $300 billion globally
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