Cette recherche, menée par des cardiologues du Mount Sinai Health System (New York) conclut que l’arrêt de l’aspirine un mois après la pose d’un stent coronaire réduit considérablement les complications hémorragiques chez les patients stables, victimes d’une crise cardiaque. Ces résultats de l’étude ULTIMATE-DAPT présentés lors des sessions scientifiques de l’American College of Cardiology et publiés dans le Lancet, confirment en effet que le passage au ticagrélor (antiagrégant plaquettaire) en monothérapie un mois après l’intervention coronarienne percutanée (ICP) permet une réduction de 55 % du risque de saignement vs la poursuite du ticagrélor + aspirine durant les 11 mois qui suivent.
En résumé, l’arrêt de l’aspirine 1 mois après l’ICP chez les patients cardiaques avec maintien sous ticagrélor seul améliore en toute sécurité les résultats et réduit les saignements majeurs de plus de moitié,
une conclusion qui remet en cause la norme de soins actuelle,
et qui pourrait inciter à modifier les lignes directrices actuelles en matière de normes de soins dans le monde entier.
L’étude avait pour critère principal les saignements cliniquement significatifs, définis comme les saignements de type BARC (Bleeding Academic Research Consensus) 2, 3 ou 5. Ce critère a été évalué entre 1 et 12 mois après l’ICP chez 3.400 patients victimes de crise cardiaque et n’ayant présenté aucun événement après 1 mois de ticagrélor et d’aspirine. Tous les patients avaient subi une ICP, étaient stables 1 mois après l’ICP et prenaient du ticagrélor et de l’aspirine. Les chercheurs ont réparti ces participants, après un mois en 2 groupes, retirant l’aspirine chez un groupe de 1.700 patients qui ont donc reçu le ticagrélor et un placebo. Tous les participants ont été évalués entre 1 et 12 mois après l’intervention. L’analyse révèle :
une réduction de 55 % du risque de saignement
avec le passage au ticagrélor en monothérapie vs la poursuite de la bithérapie au cours des 11 mois suivants ;
- aucune augmentation des événements ischémiques indésirables n’est constatée, ce qui suggère que le maintien de l’aspirine était « nocif et sans bénéfice ».
L’un des auteurs principaux, le Dr Gregg W. Stone, professeur de cardiologie au Mount Sinaï, souligne que l’arrêt de l’aspirine chez les patients ayant récemment subi un syndrome aigu de l’artère coronaire, 1 mois après l’ICP apparaît donc bénéfique car elle réduit de plus de moitié le risque d’hémorragie et de saignements mineurs : « Je crois qu’il est temps de modifier les lignes directrices et la pratique clinique. Traiter ces patients à haut risque avec un seul inhibiteur plaquettaire puissant tel que le ticagrélor permet d’améliorer leur pronostic ».
« On pensait auparavant que l’arrêt de la double thérapie antiplaquettaire dans l’année suivant une ICP chez les patients atteints de SCA augmenterait le risque de crise cardiaque et d’autres complications ischémiques, mais cette étude montre que ce n’est pas le cas, avec les stents à élution médicamenteuse maintenant utilisés dans toutes les procédures d’ICP ».
Source: The Lancet 7 April, 2024 DOI : 10.1016/S0140-6736(24)00473-2 Ticagrelor Alone Versus Standard DAPT Between One and Twelve Months After PCI in ACS: The randomised, placebo-controlled, double-blind ULTIMATE-DAPT trial
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