Un intervalle de 5 ans est sans danger pour le dépistage du cancer de la prostate, conclut l’essai PROBASE mené à à l’Université Heinrich-Heine (Düsseldorf) et présenté à l’European Association of Urology Congress (EAU24). Une simple analyse de sang pourrait suffire donc, tous les 5 ans, pour dépister le cancer de la prostate chez les hommes à faible risque.
Le test sanguin PSA vérifie le niveau d’antigène prostatique spécifique, un marqueur du cancer de la prostate. En Europe, seule la Lituanie teste systématiquement le cancer de la prostate chez les hommes en fonction de leur taux de PSA.
Le dépistage du cancer de la prostate reste un sujet controversé, avec des inquiétudes à la fois autour des faux positifs conduisant à des traitements invasifs inutiles et des faux négatifs conduisant à des diagnostics manqués. Cette situation évolue progressivement grâce aux examens IRM qui peuvent éviter des biopsies inutiles et au recours à la « surveillance active », dans le cadre de laquelle les hommes atteints d’un cancer à un stade précoce sont surveillés et ne subissent un traitement qu’en cas de progression. Cependant, les directives de dépistage sont contradictoires et confuses.
Allonger l’intervalle entre 2 tests PSA en cas de faible risque initial ?
L’étude, l’essai Probase, a suivi 20.000 participants, de l’âge de 45 à 50 ans afin de tester l’efficacité des différents protocoles de dépistage du cancer de la prostate. Les participants ont été répartis, à l’inclusion, en 3 groupes en fonction de leur test PSA initial.
- Un taux de PSA inférieur à 1,5 nanogrammes par millilitre (ng/mll), considéré comme représentatif d’un faible risque, a donné lieu à un deuxième test 5 ans plus tard ;
- un taux de PSA compris entre 1,5 et 3 ng/ml, considéré comme représentatif d’un risque intermédiaire a donné lieu à un deuxième test, 2 ans plus tard ;
- un taux de PSA supérieur à 3 ng/ml qui correspond à un risque élevé a été suivi d’une IRM et d’une biopsie.
- 12.517 participants, considérés comm à faible risque, ont ainsi passé deuxième test PSA à l’âge de 50 ans ;
- seulement 1,2 % d’entre eux soit 146 présentaient des taux élevés de PSA (plus de 3 ng/ml). ) et ont orientés vers une IRM et une biopsie ;
- seuls 16 de ces patients ont été finalement diagnostiqués avec un cancer, ce qui représente 0,13 % de la cohorte totale.
L’European Association of Urology (EAU) recommande de proposer aux hommes une stratégie adaptée à leur risque de base, tel qu’évalué par le niveau de PSA initial, avec des intervalles de suivi de 2 ans pour les patients initialement à risque soit avec un PSA supérieur à 1 ng/ml. Cette nouvelle analyse suggère que l’intervalle de dépistage correspondant à un faible risque initial pourrait être beaucoup plus long. L’allongement de cet intervalle entrainerait en effet un risque supplémentaire minime.
L’auteur principal, le Dr Peter Albers, professeur d’urologie à l’Université Heinrich-Heine de Düsseldorf, ajoute : « En élevant la barre du faible risque de 1 ng/ml à 1,5, nous permettons à 20 % d’hommes supplémentaires de réduire leur nombre de dépistage sans risque significatif. A l’échelle de l’Europe, soit près de 14 millions d’hommes âgés de 45 à 50 ans, le nombre de personnes concernées par un tel changement est considérable ».
Avec des implications à la fois en termes de qualité de vie mais aussi de dépenses de santé.
La recherche se poursuit, afin de déterminer si un intervalle de dépistage encore plus long, de 7, 8 ou même 10 ans, est possible sans risque supplémentaire.
« Il existe clairement un besoin de lignes directrices en matière de dépistage du cancer de la prostate. Chaque pays devrait concevoir un programme de dépistage adapté à son système de santé. Les données actualisées comme celles de l’essai Probase peuvent contribuer au développement de programmes de dépistage appropriés à chaque pays et ses ressources de santé ».
Source: European Association of Urology Congress (EAU24) 5 April, 2024 Five-year interval is safe for prostate cancer screening, research shows
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