Cette recherche menée au Brigham and Women’s Hospital (BWH) suggère l’efficacité de la combinaison de l’IRM de la prostate et d’un test sanguin à détecter une lésion cancéreuse de la prostate, et à éviter les biopsies inutiles. Alors que le cancer de la prostate est un des « cas d’école » du risque de surdiagnostic et de surtraitement, l’équipe de Boston soutient cette nouvelle approche, moins invasive, à la fois pour réduire les dommages causés aux patients mais aussi les dépenses de santé liées aux biopsies.
Une hypertrophie de la prostate ou une suspicion de cancer de la prostate est un problème courant chez les hommes âgés. Cependant, tous ces cas ne nécessitent pas de traitement, ni même de biopsie, précise l’auteur principal, le Dr Ramin Khorasani, professeur de radiologie au Mass General Brigham et à la Harvard Medical School : « Dans le cadre de l’évaluation des patients suspectés d’avoir un cancer de la prostate, les résultats de l’IRM de la prostate combinés à la mesure du test PSA peuvent aider les médecins à décider quels sont les patients qui doivent faire une biopsie. Cette nouvelle analyse confirme que l’IRM peut considérablement aider les urologues à prendre la décision d’effectuer une biopsie ou, au contraire, à identifier les patients qui n’ont pas besoin de diagnostic ou de traitement agressifs ».
En d’autres termes, cette combinaison permet d’identifier les cancers de la prostate « cliniquement significatifs » (csPCa : clinically significant prostate cancer) c’est-à-dire qui présentent un risque élevé de menacer la vie d’un patient. Les cellules sont plus agressives ou le cancer s’est déjà propagé en dehors de la prostate.
L’étude est une méta-analyse qui s’appuie sur les résultats d’une précédente recherche, menée sur des données obtenues uniquement au BWH. Cette analyse avait déjà suggéré que la combinaison IRM/PSA permettait d’identifier jusqu’à 50 % des cas dans lesquels une biopsie serait inutile.
La nouvelle méta-analyse porte sur les données de 72 études menées auprès de plus de 36.000 participants atteints d’un cancer de la prostate, dont les résultats d’IRM, de densité d’antigènes spécifiques de la prostate et d’une biopsie. L’analyse révèle que :
- les biopsies de la prostate sont inutiles chez les patients présentant un score PI-RADS (Prostate Imaging Reporting and Data System) inférieur à 4 et une PSAD inférieure à 0,10 ng/ml2 ;
- la prise en compte de seuils spécifiques PI-RADS et PSAD permet
d’éviter en toute confiance 50 % des biopsies tout en ne manquant que 5 % des cancers cliniquement significatifs ;
- une autre option -en modifiant ces seuils- permettrait d’éviter 30 % des biopsies inutiles et ne manquer que 3 % des csPCa.
Ces résultats suggèrent que des décisions de biopsie de la prostate adaptées au patient, basées sur les informations provenant de l’IRM et des analyses de sang, pourraient éviter des procédures inutiles tout en respectant une sensibilité élevée.
« Ces données nous permettent d’affirmer que dans certains cas, nous pouvons suivre les hommes en toute sécurité avec des tests plutôt que de procéder de manière agressive à une biopsie. L’objectif étant de prendre une décision plus éclairée concernant la réalisation ou pas d’une biopsie ».
Source: JAMA Network Open 29 March, 2024 DOI: 10.1001/jamanetworkopen.2024.4258 Magnetic Resonance Imaging, Clinical, and Biopsy Findings in Suspected Prostate Cancer: A Systematic Review and Meta-Analysis
Laisser un commentaire