Une nouvelle étude de chercheurs du Cedars-Sinai identifie pourquoi certains reins blessés ne guérissent pas : en cause « un capteur de guérison rénale », dont les reins ont besoin pour se régénérer. Cette découverte présentée dans la revue Science, désigne un nouveau marqueur diagnostique de la fibrose rénale et ouvre la voie à de nouvelles thérapies visant à l’inverser.
Les chercheurs californiens nous expliquent pourquoi certains reins lésés guérissent tandis que d’autres développent des cicatrices ou fibroses pouvant conduire à une insuffisance rénale. L’auteur principal, le Dr Sanjeev Kumar, néphrologue au Cedars-Sinai explique ces travaux : « la clé de cette découverte a été de comparer les cellules rénales lésées qui se sont régénérées avec des cellules incapables de se réparer : les cellules blessées activent une protéine appelée SOX9 pour se régénérer. Une fois guéries, elles font taire cette protéine. Les cellules incapables de se régénérer laissent s’exprimer SOX9 ce qui favorise la fibrose.
Cependant, désactiver à temps le capteur SOX9 permet d’éviter les cicatrices et permettre la réparation du rein ».
Contrôler le capteur de guérison rénale
Les reins sont 2 organes de la taille d’un poing qui filtrent les déchets du sang, qui peuvent être endommagés par le diabète et l’hypertension artérielle, ainsi que par des infections graves comme le COVID-19 ou encore l’excès d’antibiotiques ou d’AINS.
La protéine SOX9 joue un rôle majeur dans le développement des organes mais n’est pas active dans les reins adultes en bonne santé. Lorsque les reins sont blessés, les cellules survivantes réactivent SOX9 dans le cadre du processus de guérison. SOX9 est donc un capteur qui s’allume lorsque les cellules veulent se régénérer et s’éteint lorsqu’elles sont restaurées
L’étude a analysé au niveau cellulaire des lésions rénales chez des souris de laboratoire. Les chercheurs ont suivi l’évolution des cellules au fil du temps.
- au jour 10, les cellules filles de certaines cellules étaient complètement guéries tandis que d’autres ne l’étaient pas ;
- les lignées cellulaires guéries avaient désactivé l’expression de SOX9 ;
- les lignées non guéries, dans une tentative continue de se régénérer complètement, maintenaient l’activité de SOX9 ;
- les cellules incapables de se régénérer recrutent des protéines appelées Wnts, un autre acteur clé du développement des organes. Au fil du temps, cette accumulation de Wnts favorise également les cicatrices ;
- en revanche, la désactivation de SOX9 une semaine après une blessure favorise la récupération rénale.
Et chez l’Homme ? Le même processus est retrouvé chez des cohortes de patients en Suisse et en Belgique :
- ainsi, au jour 7, des patients humains ayant reçu une greffe de rein et dont le rein mettait du temps à commencer à fonctionner ont également activé SOX9 ;
- les patients qui ont présenté une activation de SOX9 ont conservé une fonction rénale affaiblie et ont développé plus de cicatrices ;
- enfin, les reins humains contenant des cellules qui maintenaient SOX9 étaient également enrichis en Wnts et présentaient également une fibrose accrue.
Ces découvertes désignent un nouveau marqueur de diagnostic de la fibrose rénale et apportent des cibles pour le développement de nouveaux médicaments permettant la réparation des reins avant le stade de la fibrose rénale.
Source: Science 23 Feb, 2024 DOI: 10.1126/science.add6371 SOX9 switch links regeneration to fibrosis at the single-cell level in mammalian kidneys
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