Quels sont les médicaments en vente libre, les plus efficaces contre les symptômes du COVID ? La question mérite d’être posée pour les personnes qui développent un COVID symptomatique modéré ou même plus sévère, mais ne nécessitant pas une hospitalisation. « C’est compliqué », répond en fait cette équipe de médecins de la Florida Atlantic University qui balance, avec cet article de perspective publié dans l’American Journal of Medicine, entre paracétamol, AINS et aspirine.
La maladie COVID-19 peut entraîner des symptômes désagréables voire handicapants, tels qu’un mal de gorge, de la fièvre, de la toux et de la fatigue. Les différentes agences sanitaires ont publié des directives concernant l’utilisation des médicaments en vente libre (OTC : over the counter) pour lutter contre ces symptômes du COVID. La majorité de ces recommandations suggèrent en effet que la grande majorité des personnes atteintes de COVID-19 peuvent se rétablir à la maison en traitant si nécessaire leurs symptômes avec des médicaments en vente libre tels que l’acétaminophène (Tylénol ou paracétamol) ou l’ibuprofène (Advil).
Ces chercheurs médecins examinent de plus près les avantages et les risques possibles de l’acétaminophène (paracétamol), des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) – tels que l’ibuprofène, et de l’aspirine pour traiter les symptômes légers à modérés du COVID-19. Ils concluent que le choix du médicament dépend en pratique du profil du patient, et du rapport bénéfice/risque du traitement pour le patient. Enfin, les auteurs préconisent que la décision thérapeutique soit de préférence prise par le médecin traitant, plutôt que par le patient par lui-même.
La décision thérapeutique doit être centrée sur le profil bénéfice/risque du patient
- Les AINS non spécifiques tels que l’ibuprofène à action plus courte et le naproxène à action plus longue sont 2 médicaments fréquemment utilisés pour traiter le COVID. Ces médicaments en vente libre largement utilisés inhibent de manière réversible et non spécifique les deux isoformes de l’enzyme cyclooxygénase, une enzyme qui permet la synthèse des prostaglandines, des médiateurs chimiques de l’inflammation, ce qui permet des effets anti-inflammatoires et antipyrétiques. Cependant, notent les chercheurs, des AINS comme l’ibuprofène et le naproxène ont des profils d’effets secondaires plus importants que l’aspirine, comme la gastro-entérite et les ulcères gastroduodénaux.
- L’acétaminophène (ou paracétamol) est l’un des médicaments en vente libre les plus fréquemment utilisés dans le monde pour traiter la fièvre, les symptômes allergiques, les maux de tête, la myalgie, les symptômes du rhume et, plus récemment, le COVID. L’acétaminophène a été initialement commercialisé comme alternative à l’aspirine pour le traitement de la douleur légère à modérée, en raison de la réduction des effets secondaires gastro-intestinaux. Les auteurs préviennent que même à des doses quotidiennes de 4.000 milligrammes, généralement considérées comme sans danger pour les adultes, l’acétaminophène peut être toxique pour le foie et entraîner l’apparition d’une insuffisance hépatique aiguë. Ainsi, l’acétaminophène est un motif fréquent d’appel aux centres antipoison, entraîne, dans le monde, des milliers d’hospitalisations et des centaines de décès liés à une insuffisance hépatique aiguë.
- L’aspirine, ou acide acétylsalicylique, inhibe la production de prostaglandines, responsables de la médiation de la douleur, de l’inflammation et de la fièvre. Si ses effets bénéfiques comprennent des propriétés antiplaquettaires, analgésiques, antipyrétiques et anti-inflammatoires, si ces derniers bénéfices apportent un soulagement symptomatique de la fièvre et des courbatures liées au COVID, il ne faut pas négliger ses effets indésirables, soit un risque accru de saignements, principalement gastro-intestinaux. Un risque à prendre sérieusement en compte, soulignent les auteurs, alors que la maladie COVID prédispose déjà aux saignements ainsi qu’aux anomalies de la coagulation.
Les décisions cliniques devraient donc rester « individuelles »,
pour chaque personne ou chaque patient, même s’il s’agit d’une sélection de médicaments OTC.
« La décision thérapeutique doit être basée sur l’ensemble du profil bénéfice/risque du patient », conclut l’un des auteurs principaux, le Dr Charles H. Hennekens : « Nous sommes convaincus que chaque médecin traitant en sait beaucoup plus sur chacun de ses patients ».
Il n’y a donc pas de réponse unique pour tous les patients, finalement les preuves fiables provenant d’essais randomisés à grande échelle sont peu abondantes, et ne permettent pas de recommandations « universelles ».
Le médecin traitant reste donc « le juge de paix ».
Source: The American Journal of Medicine 14 March, 2024 DOI:10.1016/j.amjmed.2024.03.003 Guidance for healthcare providers on newest guidelines for over-the-counter drug treatment of mild symptoms of COVID-19.
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