Que ce soit pour la santé métabolique et cardiovasculaire, ou, via l’axe intestin-cerveau pour la santé mentale, neurologique et cognitive, le microbiote intestinal est de mieux en mieux documenté comme jouant un rôle clé dans « un bon état de santé ». De là, de nombreux experts suggèrent que le microbiote pourrait être la cible thérapeutique à privilégier, pour prévenir voire traiter de nombreuses maladies. Les nouvelles technologies, dont la métabolomique et le séquençage à haut débit, permettent d’identifier de plus en plus précisément la dynamique microbienne et les liens entre le microbiome intestinal et différents aspects de notre santé : pouvoir cibler avec justesse le microbiote, semble pouvoir nous rapprocher d’une médecine plus durable.
L’augmentation de la prévalence, de la morbidité, de la mortalité prématurée et des besoins médicaux associés aux maladies et affections non transmissibles (ou chroniques) ayant atteint des proportions épidémiques, il est urgent d’identifier des thérapeutiques accessibles à tous. En regard de l’émergence des antibiorésistances, il est nécessaire d’identifier de nouveaux traitements non médicamenteux. La gestion du microbiome intestinal ouvre un très large spectre de solutions à cet égard, puisqu’il est possible de « le nourrir » via l‘alimentation ou la prise de probiotiques ou de l’ensemencer via la transplantation de microbiote de donneur sain, pour lui permettre de reprendre son rôle de régulateur de santé durable.
Les experts et les études rappellent que :
- les humains sont principalement microbiens en termes de nombre de cellules et de gènes : ainsi l’Homme pourrait être « imaginé » comme un ensemble hybride humain-microbe et sa santé affectée par des propriétés intrinsèques telles que la génétique et des facteurs environnementaux, tels que le mode de vie (alimentation, prise de médicaments ) donc par
l’acquisition d’une flore intestinale saine et durable ;
- le dysfonctionnement immunitaire et l’inflammation sont 2 facteurs majeurs de maladie chronique ;
- l’équilibre du microbiome affecte le développement immunitaire précoce et le risque de maladie chronique ;
- l’état du microbiome affecte aussi le risque de certaines infections (l’infection à C. difficile par exemple) ;
- la santé du microbiote apparaît également corrélée à de nombreuses maladies neurologiques et mentales.
Quels processus sous-jacents ? L’importance du rôle du microbiome intestinal pour notre physiologie normale est aujourd’hui bien documentée. Cet écosystème microbien complexe joue de multiples rôles, influençant le développement et le fonctionnement de notre système immunitaire, fournissant des nutriments essentiels, régulant le métabolisme et en nous protégeant des infections opportunistes. Les états pathologiques peuvent résulter de changements de composition du microbiome ou de modification de l’abondance de certaines communautés bactériennes, ce qui peut entraîner une dysbiose ou favoriser la virulence d’une espèce nocive. La compréhension de ces différents processus est permise aujourd’hui par le développement de technologies de séquençage à haut débit qui révèlent la dynamique microbienne complexe et sous-jacente. Il est également de mieux en mieux reconnu que la perturbation du microbiote commensal, ou dysbiose, est associée à des conditions fréquentes, comme, assez logiquement, les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI), mais aussi le diabète de type 2 ou encore l’oncogenèse.
Un large spectre de thérapies disponibles : le lien entre la maladie et la perturbation des interactions entre l’hôte et son microbiote est donc bien établi. Les thérapies qui ciblent directement le microbiote et visent à modifier sa composition, vont chercher à éliminer une espèce bactérienne ou à remplacer l’ensemble de la communauté par un nouveau microbiote sain. Les outils thérapeutiques comment à être largement développés et comprennent des vaccins antibactériens conjugués, la transplantation fécale -qui a considérablement progressé et s’administre aujourd’hui par capsules orales), les probiotiques et bien sûr, l’alimentation.
La gestion du microbiome apparaît donc comme un moyen majeur de prévenir les risques de maladies plus tard dans la vie, de traiter les conditions chroniques émergentes, de réduire l’utilisation des antibiotiques et plus largement des médicaments et de limiter le risque d’infections récurrentes… Par conséquent, cibler en priorité dans les soins la gestion du microbiome pourrait permettre d’accroître l’efficacité de la prévention, de l’évaluation, du traitement et nous apporter le moyen de nous rapprocher de soins de santé durables.
C’est en effet une stratégie de soins de santé simple, efficace tout au long de la vie, mieux personnalisée et plus accessible à tous.
Quelques sources :
- Science Translational Medicine 2012 DOI : 10.1126/scitranslmed.3004183 Microbiota-Targeted Therapies: An Ecological Perspective
- Internal Medicine Journal 2014 DOI: 10.1111/imj.12650 The human microbiome: opportunities and challenges for clinical care
- Journal of Nutrition 2007 DOI: 10.1093/jn/137.1.259S Metabolomics of a superorganism
- Journal of Pathology, Microbiology and Immunology 2022 DOI: 10.1111/apm.13225 The human microbiome in disease and pathology
- Healthcare 2015 DOI :10.3390/healthcare3010100 The Microbiome and Sustainable Healthcare
- Clinical Gastroenterology Hepatology 2014 DOI : 10.1016/j.cgh.2014.11.014 Development of fecal microbiota transplantation suitable for mainstream medicine
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