Cette équipe de biologistes de l’Université de Californie – San Francisco (UCSF) et de l’Université de Stanford identifie, pour la première fois, des variantes génétiques dans les gènes « de contraction » qui prédisent si les femmes enceintes répondront au traitement -par progestérone- pour l’accouchement prématuré, une condition qui touche 1 nourrisson sur 10 qui nait dans le monde. Des données publiées dans la revue Science Advances, critiques alors qu’aucun médicament n’est plus disponible pour « gérer » l’accouchement prématuré.
La naissance prématurée, ou avant 37 semaines de grossesse, est la principale cause de mortalité infantile et affecte environ 15 millions de grossesses dans le monde chaque année. La naissance prématurée entraîne toute une série de conséquences à long terme sur la santé, notamment des problèmes respiratoires, des déficiences neurologiques telles que la paralysie cérébrale, des troubles du développement, des déficiences visuelles et auditives, des maladies cardiaques et d’autres maladies chroniques.
La publication de l’étude intervient alors que l’Agence américaine FDA a retiré du marché -l’année dernière- et en invoquant son inefficacité, le seul traitement jusque-là approuvé pour prévenir la prématurité, une forme synthétique de progestérone (Makena). La recherche révèle aujourd’hui que les femmes enceintes présentant des niveaux élevés de mutations dans certains gènes – en particulier ceux associés à la contraction musculaire involontaire –sont moins susceptibles de répondre à un tel traitement.
Le dépistage de ces mutations pourrait permettre aux médecins de cibler -à nouveau- le médicament sur les patientes les plus susceptibles d’en bénéficier.
Des mutations critiques dans les gènes de contraction
Ainsi, « la recherche apporte un premier cadre pour le développement de futurs médicaments », commente l’auteur principal, le Dr Jingjing Li, professeur agrégé de neurologie à l’UCSF : « Nous devrons prendre en compte la réponse aux médicaments de chaque patiente et nous demander pourquoi certaines y répondent et d’autres non. »
L’étude révèle, en d’autres termes, de nouveaux gènes associés à la naissance prématurée, dès gènes qu’il s’agira de prendre en compte dans la gestion personnalisée du risque de prématurité. Les chercheurs ont développé un cadre d’apprentissage automatique pour analyser le génome de 43.568 patientes ayant accouché prématurément spontanément. Cette approche révèle :
- des gènes dont on ignorait jusque-là l’association avec la naissance prématurée ;
- de faibles niveaux de mutations dans ces gènes associés aux contractions musculaires sont associés à une meilleure réponse au traitement par Makena, des niveaux plus élevés étant associés à l’absence de réponse à ce médicament.
Pris ensemble, ces résultats indiquent l’importance d’une approche de médecine personnalisée impliquant un dépistage génétique. Cette nouvelle approche pourrait conduire à des résultats positifs chez les patientes ne présentant pas des niveaux élevés de ces mutations.
« Le traitement à la progestérone était notre seul traitement contre les accouchements prématurés récurrents au cours de la dernière décennie, et son retrait récent nous laisse sans option pour les patientes accouchant avant terme », ajoute l’un des auteurs principaux, Cheng Wang, chercheur à l’UCSF. Les auteurs ajoutent, qu’en pratique clinique ils observent que de nombreuses patientes bénéficiaient du traitement à la progestérone :
« Nous devrions probablement réévaluer son efficacité,
si nous sommes capables d’identifier les femmes pouvant répondre de manière positive au traitement ».
Source: Science Advances 19 Jan, 2024 DOI : 10.1126/sciadv.adk1057 Integrative analysis of noncoding mutations identifies the druggable genome in preterm birth
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