On sait que les professionnelles et les personnels de santé sont particulièrement touchés par l’épuisement professionnel, en cause les rotations longues, le travail de nuit, et d’une charge administrative croissante. Cependant, les femmes, qui travaillent dans le secteur de la santé sont confrontées à des taux d’épuisement professionnel nettement plus élevés que leurs collègues masculins, révèle cette équipe de la George Washington University (GW). Cette nouvelle recherche, publiée dans la revue Global Advances in Integrative Medicine and Health, identifie également les facteurs qui pourraient protéger ces soignant(e)s contre le stress nocif.
Les femmes exerçant ces professions subissent beaucoup plus de stress et d’épuisement professionnel que leurs homologues masculins. L’explication de ce stress accru chez les femmes pouvant être une moindre satisfaction au travail et un déséquilibre plus important entre vie professionnelle et vie privée. « Une autre explication est que ces femmes, professionnelles de santé, n’ont pas même le temps de prendre soin de soi », ajoute l’un des auteurs principaux, Leigh A. Frame, chercheur et directrice associée du GW Resiliency & Well-being Center.
L’étude est la première analyse complète, menée à l’échelle mondiale, de la relation entre le stress lié au travail et le bien-être des femmes exerçant des professions de santé. La pandémie de COVID-19 a mis en lumière la question de l’épuisement professionnel en matière de soins de santé. Les femmes, pandémie ou pas, ont toujours subi une pression énorme pour concilier leur vie familiale et leur travail. Cette pression plus élevée chez les femmes contribue à expliquer le stress toxique, l’épuisement professionnel, mais aussi la dépression, les troubles anxieux, et même chez certaines professionnelles, des pensées suicidaires.
Cette méta-analyse de 71 études publiées dans 26 pays et 4 langues entre 1979 et 2022 sur les conditions d’exercice, la santé mentale, le bien-être et la qualité de vie de professionnelles de santé, notamment des infirmières, des médecins, des assistantes sociales cliniciennes et des psychologues, révèle :
- une inégalité persistante entre les sexes sur le lieu de travail ;
- cette inégalité et ce manque de reconnaissance contribuent au stress et à un épuisement supplémentaire chez ces femmes, professionnelles de santé : un exemple : les femmes qui portent des blouses dans un hôpital sont souvent considérées comme des infirmières, même si elles sont en fait médecins ;
- un équilibre travail-vie personnelle plus difficile ;
- de longues heures de travail, avec parfois un enchainement de plusieurs quarts de travail ;
- un manque d’autonomie au travail, vs leurs homologues hommes ;
- une affectation plus fréquente des femmes aux cas cliniques complexes, par rapport à leurs collègues masculins : or, traiter un cas médical complexe demande plus d’énergie émotionnelle et de temps, ce qui augmente encore le stress.
Des facteurs peuvent protéger particulièrement les femmes du stress et de l’épuisement professionnel : ces facteurs comprennent :
- un environnement de travail favorable et flexible, notamment au plan des horaires de travail ;
- l’accès au développement professionnel ;
- un soutien des collègues ;
- la pratique de la méditation en pleine conscience ;
- l’adhésion à un mode de vie sain : un sommeil réparateur, l’activité physique, une alimentation saine (riche en plantes et en aliments frais) et d’autres habitudes de vie saines peuvent contribuer à atténuer le stress au travail.
Ainsi, la recherche montre que les femmes, qui travaillent en milieu de soins de santé sont particulièrement vulnérables au burn out. Et
le problème va bien au-delà de ce que les femmes peuvent faire individuellement.
Les auteurs appellent donc -à nouveau- à développer des solutions de prévention de l’épuisement professionnel, un fléau généralisé à l’échelle du système de soins, et qui entraîne des problèmes tels que la pénurie des personnels de santé et la réduction de la qualité des soins.
Source: Global Advances in Integrative Medicine and Health 22 Feb, 2024 DOI : 10.1177/27536130241232 The Well-being of Women in Healthcare Professions: A Comprehensive Review
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