De nombreuses personnes âgées recevant des soins à domicile ne reçoivent pas de soins palliatifs avant leur décès, relève cette équipe du Département de médecine familiale de l’Université d’Ottawa. Si la grande majorité des personnes âgées souhaitent vivre la fin de leur vie à domicile, plutôt qu’en institution, il reste une passerelle à construire entre les soins à domicile et les soins palliatifs. Ainsi, cette recherche publiée dans le Canadian Medical Association Journal (CMAJ) montre que de nombreux patients âgés à domicile seraient pourtant bien éligibles à ces soins palliatifs pour une meilleure fin de vie.
Ces conclusions suggèrent, écrivent les auteurs, « que nous avons besoin de meilleures méthodes pour identifier les personnes qui ont besoin de cet accompagnement ». L’auteur principal, le Dr Amy Hsu, chercheur à l’Institut Bruyère (Ottawa) et professeur du Département de médecine familiale de l’Université ajoute : « Les soins palliatifs sont un élément essentiel d’une approche holistique, globale et centrée sur le patient pour prendre en charge les personnes atteintes d’une maladie limitant l’espérance de vie et cela dès le diagnostic de la maladie ».
Domicile ou pas, débuter les soins palliatifs dans les mois précédant le décès
Le début des soins palliatifs dans les mois précédant le décès est en effet incontestablement lié à une expérience de fin de vie plus positive, avec une meilleure qualité de vie, moins d’anxiété, une meilleure gestion de la douleur et des symptômes, ainsi que des soins moins agressifs en fin de vie. Cependant, on estime que seulement
15 % des personnes suivies à domicile et éligibles reçoivent des soins palliatifs
à domicile au cours de la dernière année de leur vie.
L’étude analyse les données de près d’un quart de million de personnes âgées vivant à domicile et ayant subi au moins une évaluation de soins à domicile en 2018 et 2019. À l’aide d’un outil appelé Respect, développé pour identifier les personnes âgées fragiles ayant des besoins en soins palliatifs, l’équipe a prédit le risque de décès dans les 6 mois suivant l’évaluation et a examiné les services de santé dont avaient bénéficié ces participants. L’analyse constate que :
- seulement la moitié des patients avec une espérance de vie inférieure à 3 mois ont reçu des soins palliatifs à domicile ;
- ces participants ayant reçu des soins palliatifs à domicile avaient été signalés par les médecins comme ayant un pronostic terminal.
Des algorithmes de détection du besoin de soins palliatifs -comme l’outil Respect- peuvent améliorer la prise en charge des personnes fragiles, à domicile. Ils peuvent également déclencher des conversations plus précoces sur les préférences, les objectifs et les souhaits des patients à l’approche de la fin de vie, et éclairer la planification préalable des soins.
Selon ces auteurs médecins, il existe toujours une proportion importante de patients âgés éligibles mais qui ne reçoivent aucun soin palliatif.
Si la fin de vie au domicile « c’est bien », cela ne doit pas priver les patients des soins dont ils ont besoin.
Source: Canadian Medical Association Journal (CMAJ) 26 Feb, 2024 DOI: 10.1503/cmaj.221513 Estimated mortality risk and use of palliative care services among home care clients during the last 6 months of life: a retrospective cohort study
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