Cette équipe du Trinity College Dublin vient de découvrir la cause sous-jacente et probable du « brouillard cérébral » associé au COVID long. Ce symptôme fréquent qui vient s’ajouter aux troubles cognitifs eux-aussi courants dans ces formes longues du COVID, pourrait être la conséquence de fuites de vaisseaux sanguins dans le cerveau de ces patients. Ces conclusions, présentées dans la revue Nature Neuroscience, appellent à d’autres recherches ouvert la voie à d’autres études examinant les événements moléculaires qui conduisent sur la fatigue et le brouillard cérébral post-viral.
Il s’agit d’une découverte majeure qui apporte une nouvelle compréhension du brouillard cérébral et du déclin cognitif observés chez ce groupe de patients. Cela suggère également que les symptômes neurologiques du syndrome post-COVID pourraient être évalués à partir de changements métaboliques et vasculaires réels, observables et mesurables dans le cerveau.
D’autant que la prévalence du COVID long, un syndrome post-COVID observé dès l’émergence du nouveau coronavirus SARS-CoV2 fin 2019 n’est pas négligeable. On estime que
10 à 15 % ayant développé un COVID symptomatique vont souffrir durablement de ce syndrome.
Enfin, à ce jour,
le COVID long a jusqu’à 200 symptômes signalés,
parmi lesquels apparaissent plus fréquents, la fatigue, l’essoufflement, les troubles de la mémoire et d’autres fonctions cognitives supérieures ainsi que des douleurs articulaires/musculaires. Bien que la grande majorité des personnes ayant souffert d’un COVID se rétablissent complètement, chez la minorité qui développe le syndrome long, les symptômes peuvent persister plus de 12 semaines et jusqu’à 2 ans après l’infection aiguë. Enfin, parmi ces patients souffrant de COVID long, environ 50 % signalent des effets neurologiques dont ce brouillard cérébral.
Le COVID long est devenu un problème de santé publique majeur
L’étude corrèle pour la première fois ces symptômes neurologiques à
- une perturbation de l’intégrité des vaisseaux sanguins dans le cerveau.
- Cette « fuite » des vaisseaux sanguins permet aussi de distinguer/détecter de manière objective les patients souffrant de brouillard cérébral ou de symptômes neurologiques apparentés ;
- ces fuites sont associées à un système immunitaire hyperactif, et ces deux caractéristiques pourraient être les principaux facteurs de brouillard cérébral associé au COVID long ;
- ces observations ont également permis le développement d’une forme d’IRM particulièrement adaptée à la surveillance des micro-vaisseaux cérébraux.
« Des observations « d’une importance cruciale » car elles précisent une cause observable et curable à l’aide de thérapies ciblées », relève le Dr Matthew Campbell, professeur de génétique à Trinity. Ensuite, la recherche jette les bases et la technologie nécessaires pour mieux comprendre d’autres affections neurologiques telles que la sclérose en plaques (SEP) pour lesquelles on suspecte aussi l’infection virale comme déclencheur de la pathogenèse. Prouver ce lien direct a toujours été un défi.
Enfin l’équipe envisage d’autres études portant sur les événements moléculaires qui conduisent à la fatigue post-virale et au brouillard cérébral.
Des mécanismes similaires pourraient être déclenchés par d’autres infections virales et mener à d’autres types de dysfonctionnement neurologique.
Source: Nature Neuroscience 22 Feb, 2024 DOI : 10.1038/s41593-024-01576-9 Blood–brain barrier disruption and sustained systemic inflammation in individuals with long COVID-associated cognitive impairment
Plus sur le COVID long
Laisser un commentaire