Sans certains petits ARNs, les plaies cutanées peuvent guérir mieux et plus vite et surtout, avec un minimum de cicatrices. C’est le principe développé par cette équipe de l’Université de Manchester, qui non seulement établit le rôle clé du microARN-29 (ou miARN-29) dans la réparation cutanée, mais suggère aussi que son élimination, ou, a contrario, la libération de certaines protéines associées, favorise la cicatrisation des plaies. Ces travaux, publiés dans l’American Journal of Pathology, ouvrent une nouvelle voie de cicatrisation par « restauration » épidermique plutôt que par « fermeture » cutanée.
Parce que le fardeau des chroniques qui ne cicatrisent pas est si important que ces chercheurs parlent de « pandémie silencieuse ». À l’échelle mondiale, les coûts associés au soin des plaies devraient atteindre 15 à 22 milliards de dollars par an cette année, dépassant ainsi, dans les pays riches, les dépenses de santé liées à l’obésité.
La découverte du mécanisme d’action de cette classe de miARN, notamment du miARN-29, pourrait contribuer à favoriser la restauration de la structure normale de la peau plutôt que de déclencher la fermeture de la plaie avec donc la formation d’une cicatrice. La recherche ouvre ainsi un nouveau paradigme dans la réparation des plaies. De plus, le dépôt d’une protéine laminine, associée au mi-ARN, dans le lit de la plaie, semble contribuer à la croissance des vaisseaux sanguins (angiogenèse), qui à leur tour alimentent la régénération normale de la peau (ré épithélialisation).
L’auteur principal, le Dr Svitlana Kurinna, du département biologie de l’Université de Manchester et spécialiste de la matrice extracellulaire, explique : « les microARN peuvent agir sur la croissance de la peau cependant leurs mécanismes sous-jacents, qui pourraient être ciblés pour améliorer la cicatrisation cutanée, restent mal compris ». Même si les événements moléculaires au cours des premiers stades de cicatrisation des plaies, de l’inflammation et de la formation de tissus, sont aujourd’hui bien décrits, grâce aux techniques de séquençage unicellulaire et d’approches protéomiques.
L’étude décrypte la cicatrisation des plaies chez les souris transgéniques, privées du gène microARN-29. Ces expériences montrent que :
- la peau des souris transgéniques privées de microARN-29 se régénère encore mieux ;
- chez ces souris privées de miARN-29, on observe en cas de plaie, le dépôt de protéine lamine LAMC2 – une protéine généralement trouvée dans l’une des couches cutanées des souris sauvages – autour des vaisseaux sanguins à l’intérieur des plaies ;
- cette observation indique que le miARN-29 pourrait inhiber l’expression de LAMC2 et que sa suppression chez les souris transgéniques a supprimé cette inhibition, ce qui a permis une cicatrisation plus rapide des plaies.
- la suppression du microARN-29 favorise la cicatrisation des plaies en régulant la régénération cutanée, en liant les longs ARN codant pour la protéine structurelle laminine C2 (LAMC2) de la peau ;
cela restaure la structure normale de la peau plutôt que de créer une cicatrice de tissu conjonctif.
Ces résultats font le lien entre le miARN-29, la protéine laminine LAMC2, l’amélioration de l’angiogenèse et la ré épithélialisation. Ils démontrent le rôle délétère du miARN-29 dans la réparation épidermique et suggèrent que l’inhibition du microARN-29 et/ou la surexpression de LAMC2 pourraient constituer de nouvelles stratégies pour améliorer la cicatrisation des plaies.
« Des résultats particulièrement intéressants car ils soutiennent le principe de restaurer la structure normale de la peau plutôt que la fermeture d’une plaie avec une cicatrice ».
Source: American Journal of Pathology Feb, 2024 DOI: 10.1016/j.ajpath.2023.11.002 Release of miR-29 Target Laminin C2 Improves Skin Repair
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