Qu’il s’agisse de dépendance à l’alcool ou à d’autres substances, les femmes apparaissent plus « discriminées » encore que les hommes et cela constitue un frein à la recherche et à l’accès aux traitements, souligne cette étude menée à la Staffordshire University (Angleterre). Les auteurs alertent sur cette stigmatisation et appellent les professionnels à personnaliser les protocoles et à mieux détecter les troubles liés à la consommation de substances, chez leurs patientes.
La recherche résume en fait les expériences auxquelles les femmes sont confrontées lorsqu’elles utilisent les services de conseil et d’aide contre la toxicomanie et de l’alcoolisme. L’auteur principal, Sarah Page, professeur de Médecine et société à l’Université du Staffordshire, rappelle ici que s’il existe des recommandations de bonnes pratiques, il y a aussi des moments où les paroles et les comportements des professionnels des services de soins contre les addictions, des travailleurs sociaux ou des autorités judiciaires peuvent donner aux femmes, un sentiment de discrimination, d’humiliation et d’échec :
« nous observons que les femmes subissent très souvent la stigmatisation du « toxicomane, ce qui peut entraîner une souffrance émotionnelle supplémentaire et défavorable au traitement ».
L’étude a été menée par entretiens et via des groupes de discussion avec des femmes souffrant de troubles liés à l’utilisation de substances et fréquentant ces services de soins spécialisés. Une caractéristique importante de la recherche est que ces participantes qui avaient une expérience du recours à ces services de lutte contre la toxicomanie et l’alcoolodépendance ont également contribué à la conception de l’étude ainsi qu’à la réflexion menée à partir des données. Ces entretiens révèlent que :
Certaines de ces femmes ont pu être victimes d’absence de crédibilité, d’agression verbale voire physique de la part de certains professionnels ou d’autres patients ;
- leur propos sont parfois dénaturés lors de la prise de notes et de données dans les dossiers médicaux, ces dossiers pouvant constituer des documents juridiques destinés parfois au tribunal, ce qui ajoute au traumatisme émotionnel ;
- ces femmes subissent également parfois des agressions, de la part d’autres toxicomanes, dans les services mixtes de traitement de la toxicomanie et de l’alcoolodépendance ;
- ces services sont parfois qualifiés de « chaotiques, intimidants ou dangereux ».
Les auteurs relèvent que les protocoles et les pratiques actuelles de soins, contre les addictions, ne prennent pas pleinement en compte les besoins spécifiques des femmes en matière de traitement et ne sont pas suffisamment personnalisés sur la manière de travailler avec les femmes.
- En ce qui concerne ces soins, tout particulièrement, la stigmatisation apparaît plus élevée vis-à-vis des femmes, et a un impact négatif sur l’identification des besoins en matière de traitement et sur l’accès à un soutien approprié.
Quel que soit leur sexe, les patients toxicomanes devraient pouvoir se sentir en sécurité et crédibles lors des soins.
- D’autres recommandations incluent une formation obligatoire avec des mises à jour régulières pour les professionnels de tous les services connexes concernant les traumatismes, la discrimination sexuelle et le harcèlement, l’éthique de la pratique professionnelle, l’absence de jugement et la réponse aux plaintes des patients, hommes ou femmes, utilisateurs des services.
Source: International Journal of Environmental Research and Public Health 5 Jan, 2023 DOI: 10.3390/ijerph21010063 Women, Addictions, Mental Health, Dishonesty, and Crime Stigma: Solutions to Reduce the Social Harms of Stigma
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