Ce vaste essai clinique multicentrique, mené à l’École de médecine de l’Université du Maryland, révèle qu’utiliser un antiseptique contenant de l’iode réduit considérablement le risque d’infection du site opératoire chez les patients présentant des fractures des extrémités. De nouvelles données, publiées dans le New England Journal of Medicine (NEJM) pourraient permettre d’éviter des milliers d’infections du site opératoire chaque année.
On estime qu’environ 3 % des patients qui subissent une fracture du bras, de la jambe ou du bassin nécessitant une intervention chirurgicale vont développer une infection du site opératoire (ISO). La source des bactéries peut être la peau du patient, l’environnement de la blessure ou l’hôpital. Bien que certaines lignes directrices privilégient l’utilisation du gluconate de chlorhexidine par rapport aux produits iodés, il n’existe aucun consensus sur l’agent le plus efficace.
Pourtant, les antiseptiques à base d’iode semblent prévenir un plus grand nombre d’infections chirurgicales chez les patients présentant des fractures que le gluconate de chlorhexidine, conclut ce vaste essai clinique multicentrique : un antiseptique contenant de l’iode réduit ainsi d’environ un quart le nombre d’infections post-chirurgicales chez ce groupe de patients traités pour des fractures des membres vs un autre antiseptique cutané fréquemment utilisé.
A ce jour, il n’existe aucun consensus sur l’agent le plus efficace
L’étude, menée auprès de 8.485 patients vivant aux États-Unis et au Canada a comparé les 2 solutions à base d’alcool les plus couramment utilisées, l’une avec iode Povacrylex et l’autre avec gluconate de chlorhexidine et évalué leur efficacité chez les patients présentant des fractures fermées ou simples -dans lesquelles la peau reste intacte-. Si l’étude a porté sur plus de 6.700 patients ayant subi une intervention chirurgicale pour traiter une fracture fermée d’un membre inférieur ou une fracture du bassin et 1.700 patients ayant subi une intervention chirurgicale pour traiter une fracture ouverte, elle n’identifie pas de différences d’efficacité entre les 2 types de solutions antiseptiques en cas de fractures complexes avec plaies ouvertes, même si les chercheurs précisent que l’utilisation de la préparation iodée n’est pas nocive pour les patients présentant une fracture ouverte. L’analyse constate que :
- sur les 3.205 patients ayant subi une fracture fermée et ayant reçu du povacrylex à 0,7 % d’iode dans de l’alcool isopropylique à 74 %, 2,4 %, ont développé une ISO ;
- vs 3,3 % des 3.272 patients ayant reçu la solution de 2 % de gluconate de chlorhexidine dans 70 % d’alcool isopropylique ;
- chez les patients présentant des fractures ouvertes, le nombre de patients ayant développé des infections s’avère similaire avec les 2 antiseptiques soit un taux d’ISOs estimé entre 6,5 et 7,3 %.
En conclusion,
l’utilisation du povacrylex iodé comme antiseptique cutané préopératoire pourrait prévenir les ISOs chez des milliers de patients présentant des fractures chaque année.
Les auteurs principaux, le Dr Gerard Slobogean, professeur agrégé d’Orthopédie à l’Université du Maryland et chirurgien orthopédiste en traumatologie et le Dr Todd Jaeblon, professeur agrégé d’orthopédie, précisent que « cette étude bien conçue apporte aux chirurgiens traumatologues orthopédiques une clarté attendue depuis longtemps sur la préparation cutanée antiseptique à utiliser lors de la préparation à une chirurgie pour fracture ».
Source: New England Journal of Medicine (NEJM) 1 Feb, 2024 DOI: 10.1056/NEJMoa2307679 Skin Antisepsis before Surgical Fixation of Limb Fractures
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