C’est un bilan dramatique livré par l’Association européenne d’urologie (EAU) sur l’ampleur du fardeau économique annuel de l’incontinence urinaire pour l’Europe. Cette équipe d’experts non seulement confirme la hausse continue de la prévalence de l’incontinence, liée au vieillissement des populations, mais prévient que le fardeau associé pourrait atteindre 87 milliards d’euros en 2030 si aucune mesure radicale n’est prise.
C’est aussi la grande conclusion de ce premier sommet européen sur la santé de la continence, organisé à Bruxelles en novembre 2023, qui marque une nouvelle reconnaissance de la condition, ouvre grand la porte à une première sensibilisation des populations et des organisations, mais lance également un avertissement sur l'énormité des dépenses de soins de santé liées à la continence.
L’étude internationale menée sur le fardeau économique de l'incontinence urinaire révèle que
quelque 55 à 60 millions d’Européens souffrent de troubles de la continence
c’est-à-dire d’incapacités diverses de contrôle de la vessie et les intestins.
Les dépenses liées aux soins de l'incontinence atteindront près de 70 milliards d'euros en 2023. Ces coûts incluent ceux des consultations médicales et des dispositifs tels que les protections ou les sondes urinaires, mais aussi l'impact de l'incontinence sur la santé globale des personnes, les pertes de productivité associées, la perte d’autonomie et l’institutionnalisation, et enfin, l'impact environnemental de tous les soins d'incontinence.
Si aucune mesure n’est prise pour soutenir la continence,
- ce fardeau économique pourrait augmenter de 25 % d’ici à 2030, pour atteindre près de 90 milliards d’euros. Enfin, c’est sans compter les ressources humaines, dont les soignants et les aidants qui prennent soin des personnes incontinentes ;
- le fardeau économique de l’incontinence urinaire chez les femmes est estimé comme 4 fois plus élevé que pour les hommes ;
- l’incontinence -et ses soins et dispositifs- est également responsable d’une empreinte carbone considérable. De premières recherches travaillent à trouver les bonnes pratiques pour la réduire. Ainsi, pour les protections, de premières données sont plutôt en faveur de leur incinération que de leur recyclage.
Le groupe d’étude de l’EAU appelle ainsi de toute urgence à renforcer la sensibilisation et la prévention de l’incontinence auprès du grand-public. Mais les médecins, les soignants et les aidants sont également invités à
observer une utilisation appropriée des thérapies, protocoles et palliatifs développés pour l’incontinence.
Des changements de politique sanitaire sont évoqués visant à faire reconnaître l'importance des soins de continence centrés sur le patient et à favoriser une compréhension holistique des liens complexes entre la continence, la santé et le vieillissement (en bonne santé). Des approches pluridisciplinaires centrées sur le patient sont plébiscitées, en particulier en cas de comorbidités touchant la santé des femmes, le cancer, la santé mentale, les troubles neurologiques ou encore l'obésité.
« Les troubles de la continence ont un impact négatif sérieux sur la qualité de vie des personnes, quel que soit leur âge, l’étape de la vie, le sexe ou encore l’origine ethnique. Ses effets sévères, physiques, psychosociaux et économiques, à la fois pour les patients, les soignants et les aidants, nuisent à une pleine participation de ces groupes à la vie de notre société.
Une continence optimale devrait être une réalité pour tous ».
Contrer les effets du vieillissement sur la continence : le risque de troubles de la continence étant largement associé aux maladies liées à l'âge, le défi de l’incontinence va s’accentuer avec le vieillissement des populations. Comme pour de nombreuses maladies liées à l’âge, les systèmes de santé n’ont pas encore pris la mesure du fardeau à venir. Il s’agit donc d’anticiper les besoins en matière de soins et de traitements de l’incontinence.
« Il est temps de relever le défi de santé publique posé par l'incontinence auquel l'Europe est et sera de plus en plus confrontée. Il existe de nombreuses façons d'améliorer la prise en charge de l'incontinence, grâce à des mesures conservatrices, des soins mieux personnalisés, des interventions de soutien et l’élaboration d’environnements de vie plus inclusifs ».
Sources:
- European Association of Urology et Uroweb 8 Nov, 2023 22 stakeholders sign manifesto for policy reform on Continence Health in Europe
- An Urge to Act 8 Nov, 2023 The Health, Socio-economic and environmental costs of Continence problems in the EU
- Climacteric 4 May, 2019 DOI: 10.1080/13697137.2018.1543263 The prevalence of urinary incontinence
- PLoS ONE 8 Jul, 2022 DOI : 10.1371/journal.pone.0270885 Experiences and impact of living with incontinence associated stigma: A protocol for a systematic review and narrative synthesis of qualitative studies
- Urology 21 Oct, 2021 DOI : 10.1016/j.urology.2021.10.008 A Scoping Review of the Economic Burden of Non-Cancerous Genitourinary Conditions
- Journal of Urology Aug, 2011 DOI : 10.1016/j.juro.2011.03.114 Prevalence and trends of urinary incontinence in adults in the United States, 2001 to 2008
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