Les études se font plus nombreuses qui apportent les preuves d’efficacité des psychédéliques à traiter certains troubles mentaux, dont la dépression. Si ces résultats sont globalement prometteurs, il reste encore à mieux comprendre la variabilité des réponses au traitement, car ces substances semblent aider certains patients seulement, et certaines pathologies plus que d’autres. Plusieurs études, présentées à la Réunion Neuroscience 2023 permettent de faire un premier point sur ces effets.
En tête, la psilocybine, une substance présente dans diverses espèces de champignons, dont une seule dose pourrait déjà apporter un effet rapide et significatif contre la dépression. La psilocybine recueille ainsi l’intérêt de nombreuses équipes de recherche pour son efficacité dans le traitement de certains troubles psychiatriques, mais il reste à définir dans quels troubles et chez quels patients. Faudrait-il ainsi la réserver en seconde intention, pour les patients ne répondant pas aux traitements standards ?
Mieux comprendre les mécanismes d’action thérapeutique des psychédéliques
Les chercheurs rappellent que troubles psychiatriques, notamment les phobies, le syndrome de stress post-traumatique (SSPT), la dépression et les troubles liés à l’usage de substances, représentent un problème majeur de santé publique. Les traitements comportementaux et pharmacologiques actuels ont une efficacité limitée pour de nombreux patients. Il existe un grand besoin de nouvelles approches thérapeutiques, qui pourrait peut-être être comblé par ces composés psychédéliques. L’intérêt pour les traitements psychédéliques est croissant et l’agence sanitaire Food and Drug Administration (FDA) a récemment accordé le statut de médicament révolutionnaire à certains composés psychédéliques pour le traitement de la dépression et du SSPT.
Les mécanismes biologiques sous-jacents de ces substances restent encore mal compris et ce manque de connaissance ne permet pas de bien identifier les patients et les troubles qui pourraient le plus bénéficier de ces nouveaux traitements. De nombreuses études précliniques sont en cours (sur des animaux modèles) pour mieux comprendre les mécanismes d’action thérapeutique de ces composés psychédéliques.
Mais la recherche avance avec de tout nouveaux résultats : ainsi,
- le traitement à la psilocybine exerce des effets opposés sur l’apprentissage de l’extinction de la peur chez les souris mâles et les souris femelles ;
- les psychédéliques, notamment la psilocybine et le diméthyltryptamine (DMT, abalogue) peuvent avoir des effets différents sur l’apprentissage de la peur en fonction de la dose, et du sexe chez la souris ;
- le traitement à la psilocybine permet de réduire les signes de sevrage physique chez la souris modèle de dépendance à la nicotine.
Ces nouvelles études confirment donc que certains composés psychédéliques sont prometteurs pour traiter toute une série de troubles psychiatriques, cependant « il reste à comprendre quels facteurs peuvent influencer l’efficacité de ces composés, notamment le sexe, la dose et le moment de l’administration », souligne l’un des chercheurs, Frederick Barrett, directeur du Johns Hopkins Center for Psychedelic and Consciousness (Baltimore).
Source: Meeting Neuroscience 2023 11 Nov, 2023 Exploring psychedelics: Understanding variability in treatment responses
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