Cette équipe de la Keck School of Medicine de l’University of Southern California (USC) présente un nouveau test sanguin pour le diagnostic précoce du cancer de l’ovaire. En dépit de grandes avancées dans le diagnostic et le traitement des cancers, le cancer de l’ovaire reste toujours l’un des cancers les plus meurtriers car il n’existe aujourd’hui aucune méthode de dépistage et qu’il est souvent diagnostiqué tardivement. Cette étude, publiée dans la revue Clinical Cancer Research et menée sur les tissus et le plasma humains montre que ce nouveau test sanguin peut distinguer les masses pelviennes cancéreuses et bénignes avec une précision allant jusqu’à 91 %, surpassant ainsi de loin les autres tests disponibles.
Le carcinome séreux de l’ovaire de haut grade (HGSOC) est le type de cancer de l’ovaire le plus courant. C’est aussi la forme la plus mortelle de ce cancer, justement en raison du manque de méthodes de dépistage aux premiers stades, lorsque la tumeur est plus facile à traiter. Chez les patientes présentant une masse pelvienne (une masse ou une croissance anormale dans le bas de l’abdomen), il est difficile de détecter si la masse est bénigne ou cancéreuse avant la chirurgie. Contrairement à de nombreux autres cancers, les biopsies ne sont généralement pas une option. Il est donc difficile pour les médecins de choisir le meilleur traitement.
En savoir plus sur la masse pelvienne avant la chirurgie
Le nouveau test sanguin, OvaPrintTM, qui détecte des acides nucléiques spécifiques circulant dans le sang pourrait déterminer si une masse pelvienne est bénigne ou cancéreuse plus rapidement que les tests existants. L’un des auteurs principaux de l’étude, le Dr Bodour Salhia, du programme de recherche sur la régulation génomique et épigénomique à l’USC Norris Comprehensive. Cancer Center précise : « notre nouveau test a le potentiel d’améliorer le traitement, car l’approche chirurgicale pour enlever une masse pelvienne diffère selon qu’elle est bénigne ou non ».
En savoir plus sur la masse avant la chirurgie pourrait indiquer quel type de chirurgien et quelle méthode chirurgicale est la plus appropriée. En plus d’aider les médecins à opter pour la meilleure stratégie de traitement en cas de masse pelvienne, le test va pouvoir être utilisé comme outil de dépistage en population générale pour détecter les maladies ovariennes à stade précoce. Ainsi,
- lorsque le cancer de l’ovaire est détecté à ses débuts, les patientes ont plus de 90 % de chances de vivre 5 ans ou plus.
- Ces chances chutent à moins de 40 % si le cancer est détecté à un stade avancé.
« La détection précoce sauve des vies »,
rappellent les chercheurs : « Si nous pouvons identifier avec précision le cancer de l’ovaire à un stade précoce, nous pouvons modifier l’issue de la maladie et augmenter considérablement les taux de survie ».
Comment ça marche ? Précisément, le test OvaPrint utilise une approche connue sous le nom de méthylation de l’ADN acellulaire, une nouvelle technique prometteuse permettant de détecter différents types de cancers à un stade précoce.
Le test recherche des fragments d’ADN circulants et méthylés au niveau de certains acides nucléiques.
La méthylation est une modification complexe de l’ADN dans les cellules qui modifie la façon dont les gènes sont exprimés dans l’organisme et peut donc également être utilisée comme marqueur biologique de maladie. En recherchant ces changements moléculaires précoces, OvaPrint peut identifier le HGSOC lorsque le cancer est encore relativement facile à traiter, contrairement à la plupart des tests existants pour le cancer de l’ovaire.
Quel développement ? Le test est issu de la collecte et de l’analyse de plus de 370 échantillons de tissus et de sang, et de la comparaison de ces échantillons issus de patientes ayant reçu un diagnostic de cancer de l’ovaire à un stade précoce et issus de patientes présentant des ovaires normaux ou des tumeurs bénignes. Des méthodes de séquençage de nouvelle génération ont permis d’identifier les régions génomiques des tissus normaux et des tissus « HGSOC » présentant des modèles caractéristiques de méthylation de l’ADN. Cela a permis de développer le test sanguin capable de détecter dans le sang ces fragments d’ADN méthylés caractéristiques du cancer. Enfin, une biopsie sanguine a permis de confirmer ces résultats.
Une précision de 91 % : la sensibilité (taux de faux négatifs) et la spécificité (taux de faux positifs) révèlent globalement un taux de précision de 91 % pour ce nouveau test OvaPrint. Les chercheurs viennent d’ailleurs de créer leur biotech pour développer OvaPrint en tant que nouvel outil de diagnostic du cancer de l’ovaire en pratique clinique. Une étude de suivi devra néanmoins valider ces premières données chez plusieurs centaines de patients. Une version commercialement viable du test pourrait voir le jour, pour une utilisation clinique, d’ici environ 2 ans.
Enfin, des déclinaisons d’OvaPrint sont également à l’étude pour la détection d’autres sous-types de cancer de l’ovaire.
Source: Clinical Cancer Research 9 Oct, 2023 DOI: 10.1158/1078-0432.CCR-23-1197 OvaPrint™ – a cell-free DNA methylation liquid biopsy for the risk assessment of high-grade serous ovarian cancer
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