Les molécules cannabinoïdes de notre corps nous calment déjà en cas de stress, cette équipe de biologistes et de neurologues de la Northwestern University Feinberg School of Medicine (Chicago) décrypte les processus par lesquels, sous l’effet du stress, l’amygdale, une zone du cerveau déjà impliquée dans les émotions, libère des molécules cannabinoïdes endogènes. Le cerveau active ainsi les mêmes récepteurs que le THC. Ces travaux, publiés dans les Cell Reports, ouvrent une nouvelle voie au développement de nouveaux traitements pour le stress et certains troubles psychiatriques.
On sait que le stress augmente le risque de nombreux troubles psychiatriques, en particulier de syndrome de stress post-traumatique (SSPT), on sait moins que le cerveau a ses propres mécanismes de défense, qu’il libère alors ses propres molécules cannabinoïdes et active les mêmes récepteurs cérébraux que le THC du cannabis. Cependant, jusqu’à cette étude, les modèles d’activité cérébrale et les circuits neuronaux régulés par ces molécules cannabinoïdes du cerveau n’étaient pas bien connus. L’auteur principal, le Dr. Sachi Patel, psychiatre à la Northwestern Medicine ajoute que « bien comprendre comment le cerveau s’adapte au stress au niveau moléculaire et cellulaire va révéler de nouvelles cibles thérapeutiques pour le traitement de nombreux troubles psychiatriques ».
Exploiter nos cannabinoïdes endogènes, notre réponse naturelle au stress
L’étude, menée chez la souris, révèle qu’un centre émotionnel clé du cerveau, l’amygdale, libère des molécules cannabinoïdes endogènes sous l’effet du stress, que ces molécules atténuent « l’alarme » ou les signaux de stress entrants provenant de l’hippocampe. Pour l’étude, l’équipe utilise un nouveau capteur de protéines capable de détecter en temps réel la présence de ces molécules cannabinoïdes dans des synapses cérébrales. Les expériences suggèrent que :
- des modèles spécifiques d’activité élevée de l’amygdale permettent de générer ces molécules cannabinoïdes ;
- ces molécules peuvent ainsi être libérées à la suite de plusieurs types de stress ;
- la suppression de la cible de ces cannabinoïdes, soit des récepteurs cannabinoïdes de type 1, induit une diminution de la capacité des souris à faire face au stress ;
- en pratique, chez la souris, la suppression du récepteur cible de ces cannabinoïdes endogènes au niveau des synapses hippocampique-amygdale, induit des réponses plus passives et un comportement proche de l’anhédonie, ou diminution du plaisir, une émotion souvent ressentie par les patients souffrant de troubles liés au stress ;
- des déficiences de ce système de signalisation cannabinoïde endogène dans le cerveau peuvent conduire et expliquer une plus grande susceptibilité au développement de troubles psychiatriques liés au stress, notamment la dépression et le SSPT.
Vers le développement de nouveaux traitements ? L’un des principaux systèmes de signalisation identifiés comme un candidat important au développement de médicaments pour les troubles psychiatriques liés au stress est bien le système endocannabinoïde.
Déterminer si des niveaux plus élevés de cannabinoïdes endogènes pourrait constituer une nouvelle thérapie possible constitue ainsi la prochaine étape de recherche.
Source: Cell Reports 12 Sept, 2023 DOI : 10.2139/ssrn.4339779 Endocannabinoid release at ventral hippocampal-amygdala synapses regulates stress-induced behavioral adaptation
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