Ainsi certains télomères, ceux des globules blancs, pourraient constituer un marqueur efficace du risque de démence, conclut cette équipe de neurobiologistes de la Hangzhou Normal University (Chine) dans la revue General Psychiatry : les télomères de globules blancs plus courts apparaissent liés à un risque plus élevé de démence et à un volume cérébral total et de substance blanche plus modeste. Zoom sur ce nouveau et précieux prédicteur de la santé du cerveau.
Le télomère est comme un capuchon destiné à empêcher la perte d’ADN ou l’effilochage d’un chromosome lors de sa réplication.
Chaque fois qu’une cellule se divise, les chromosomes se répliquent et les télomères se raccourcissent légèrement. Les télomères sont donc apparus comme un marqueur prometteur du vieillissement cellulaire et du risque de maladies liées à l’âge, notent les chercheurs. Mais les études portant sur la longueur des télomères et la santé du cerveau sont rares.
Alors qu’au fil du temps, les extrémités de nos chromosomes raccourcissent, la longueur de nos télomères peut prédire la façon dont notre corps vieillit et permettre d’évaluer notre vulnérabilité aux maladies chroniques. Ce processus d’ailleurs longtemps considéré comme un effet secondaire indésirable du vieillissement, est aujourd’hui également associé au déclin cognitif et à certains troubles mentaux dont la dépression :
En effet de précédentes études ont montré que la longueur des télomères, déjà largement associée à l’âge biologique, est également liée à la dépression et aux troubles cognitifs chez les personnes âgées. Une interaction entre le raccourcissement des télomères et l’inflammation induite par l’interleukine IL-6, entraînant des symptômes dépressifs précoces et des troubles cognitifs chez des personnes âgées a été suggérée.
Cette vaste analyse révèle aujourd’hui que des télomères plus courts aux extrémités des chromosomes, précisément des globules blancs, sont un marqueur de risque de démence.
Des télomères plus courts associés à un volume cérébral total et de substance blanche plus faible,
deux éléments profondément impliqués dans le traitement des informations.
L’étude est basée sur les données de la biobank britannique afin de déterminer les associations possibles entre la longueur des télomères des leucocytes (globules blancs) et le risque de démence, dont la maladie d’Alzheimer et la démence vasculaire. La UK Biobank étant une vaste base de données biomédicale contenant des informations génétiques et de santé d’environ un demi-million de participants inscrits entre 2006 et 2010. La longueur des télomères des leucocytes a été mesurée en analysant des échantillons de sang prélevés lors de l’inscription. Ces données étaient disponibles pour 439.961 participants âgés de 37 à 73 ans et en moyenne de 56 ans. Au cours d’un suivi de 12 ans,
- 1.551 soit 0,4 % des participants ont reçu un diagnostic de maladie d’Alzheimer ;
- 767 soit 0,2 % de démence vasculaire ;
- 5.820 soit 1,3 % d’un autre type de démence.
L’analyse confirme :
- une association significative entre la longueur des télomères leucocytaires et le risque à venir de démence ;
- après prise en compte du sexe et de l’âge, les participants ayant les télomères leucocytaires les plus courts présentent un risque accru de 14 % de diagnostic de démence, de 28 % de diagnostic de maladie d’Alzheimer et de 18 % de diagnostic de démence vasculaire vs participants ayant des télomères leucocytaires les plus longs ;
- la structure cérébrale observée par IRM du corps entier de 38.740 participants en 2014 révèle une association linéaire entre des télomères leucocytaires plus courts et un volume cérébral total plus petit, un volume réduit de substance blanche, ainsi que d’autres structures cérébrales réduites dont l’hippocampe (impliqué dans l’apprentissage et la mémoire), le thalamus (centre de traitement sensoriel) et le noyau accumbens (centre du plaisir).
Il s’agit d’une étude observationnelle et donc qui n’établit pas de relation de cause à effet. Cependant, les chercheurs concluent : « Nous observons que la longueur des télomères des leucocytes constitue un biomarqueur du vieillissement associé au risque de démence. En outre, nous identifions des associations linéaires entre la longueur des télomères des leucocytes et la structure cérébrale totale et de certaines zones.
Ces résultats suggèrent donc bien la longueur des télomères comme « un biomarqueur significatif de la santé cérébrale ».
Source: General Psychiatry 11 Sept, 2023 DOI: 10.1136/gpsych-2023-101120 Leucocyte telomere length, brain volume and risk of dementia: a prospective cohort study
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