Une consommation élevée d’émulsifiants « E », des additifs présents dans de nombreux aliments est associée , par cette analyse des données de la cohorte NutriNet-Santé, à un risque accru de maladies cardiovasculaires. Ces conclusions, publiées dans le British Medical Journal (BMJ), engagent à nouveau à limiter la consommation d’aliments ultra-transformés.
Les émulsifiants, des additifs alimentaires numérotés en « E » sont très largement utilisés dans les aliments transformés pour améliorer la texture, le goût et prolonger la durée de conservation. On en trouve dans les pâtisseries, les gâteaux, les glaces, les desserts, le chocolat, le pain, la margarine et les plats cuisinés. Les « E » comprennent les celluloses, les mono- et diglycérides d’acides gras, les amidons modifiés, les lécithines, les carraghénanes (épaississants dérivés des algues rouges), les phosphates, les gommes et les pectines. Compte-tenu de leur omniprésence dans l’alimentation, ces résultats ont des implications en matière de santé publique.
La sécurité des émulsifiants est, comme pour tous les additifs alimentaires, régulièrement évaluée sur la base des preuves scientifiques disponibles. Cependant de récents recherches ont suggéré que les émulsifiants peuvent perturber le microbiote intestinal, augmenter l’inflammation, et accroître la susceptibilité aux problèmes cardiovasculaires.
Un nouvel appel à réduire sa consommation d’aliments transformés
L’étude : l’équipe de l’Université de Paris, de l’INSERM, l’INRAE et du CNAM a donc regardé de plus près, à partir des données de 95.442 participants de la cohorte NutriNet-Santé, les associations entre l’exposition aux émulsifiants et le risque de maladies cardiovasculaires, notamment de maladies coronariennes et cérébrovasculaires. Au cours des deux premières années de suivi, les participants ont complété au moins 3 fois un journal alimentaire sur 24 heures. Les doses d’additifs alimentaires avaient également été estimées pour chaque aliment et boisson consommés. Les participants ont également renseigné l’incidence de tout événement ou maladie cardiovasculaire. Les décès de causes cardiovasculaires ont également été pris en compte sur la base du registre national des décès. Les facteurs de confusion possibles (dont l’âge, le sexe, le poids (IMC), le niveau d’études, les antécédents familiaux, le tabagisme, les niveaux d’activité physique et la qualité de l’alimentation) ont été pris en compte. Après un suivi moyen de 7 ans, l’analyse révèle que :
- un apport plus élevé de celluloses totales (E460-E468), de cellulose (E460) et de carboxyméthylcellulose (E466) est positivement associé à un risque plus élevé de maladies cardiovasculaires et spécifiquement de maladie coronarienne ;
- un apport plus élevé en monoglycérides et diglycérides d’acides gras (E471 et E472) est associé à un risque plus élevé également de maladie cardiovasculaire ;
- parmi les émulsifiants, l’ester lactique de monoglycérides et de diglycérides d’acides gras (E472b) est l’additif associé au risque le plus élevé de maladies cardiovasculaires et cérébrovasculaires, et l’ester d’acide citrique de monoglycérides et de diglycérides d’acides gras (E472c) au risque le plus élevé de maladie cardiovasculaire et coronariennes ;
- un apport élevé en phosphate trisodique (E339) s’avère également associé à un risque accru de maladie coronarienne ;
- aucune preuve d’association entre les autres émulsifiants et les effets cardiovasculaires n’est retrouvée.
L’étude, observationnelle, ne démontre pas le lien de cause (émulsifiants) à effet (cardiovasculaire), cependant l’association retrouvée sur un large échantillon doit à nouveau alerter sur les dangers d’apports excessifs d’aliments ultra-transformés.
« Parallèlement, plusieurs autorités de santé publique recommandent de limiter la consommation d’aliments ultra-transformés afin de limiter l’exposition à des additifs alimentaires non essentiels et controversés », concluent d’ailleurs les chercheurs.
Source: The BMJ 6 Sept, 2023 DOI: 10.1136/bmj-2023-076058 Food additive emulsifiers and risk of cardiovascular disease in the NutriNet-Santé cohort: prospective cohort study
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