L’inflammation chronique de l’oreille moyenne peut causer plusieurs complications qui peuvent affecter l’audition et l’équilibre d’une personne. L’un de ces problèmes est la formation d’un cholestéatome, une présence anormale de cellules et de tissu dans l’oreille qui peut provoquer une érosion osseuse si elle n’est pas traitée. Cette équipe de biologistes de l’Osaka University montre, pour la première fois, comment cette condition entraîne des symptômes tels qu’une perte auditive, des étourdissements, une paralysie faciale et peut même induire une infection cérébrale.
L’oreille interne située au niveau la partie la plus épaisse de l’os temporal est composée de 2 principaux éléments :
- le labyrinthe osseux protège l’appareil auditif et notamment le 2è élément, le labyrinthe membraneux,
- le labyrinthe membraneux assurant les fonctions d’audition et d’équilibre.
Le cholestéatome est caractérisé par la présence de cellules de peau, à l’intérieur des cavités de l’oreille moyenne, composée de 3 petits os qui transmettent les vibrations à l’oreille interne. Les cholestéatomes apparaissent ainsi sous la forme de petits kystes dans l’oreille constitués de peau, de fibres de collagène, de cellules cutanées, de fibroblastes, de kératine et de tissus morts. De nombreuses théories ont été avancées sur la façon dont ces cholestéatomes peuvent provoquer une érosion osseuse, dont l’activation des cellules responsables de la dégradation des minéraux et de la matrice de l’os (les ostéoclastes), la présence de marqueurs inflammatoires et d’enzymes, et l’accumulation et la pression des cellules et tissus morts dans l’oreille. Cependant, jusqu’à cette étude, le mécanisme exact de développement des cholestéatomes était mal compris.
De plus, alors que le cholestéatome peut toujours réapparaître ou se reproduire même après son ablation chirurgicale, « il est important de savoir ce qui cause réellement son développement », souligne l’auteur principal, le chercheur Kotaro Shimizu.
L’étude : pour répondre à la question, l’équipe a analysé des biopsies de cholestéatome humain prélevées sur des patients. Par séquençage d’ARN unicellulaire, les chercheurs ont pu identifier les cellules responsables du déclenchement de l’érosion osseuse : les fibroblastes ostéoclastogènes. L’analyse décrypte précisément comment ces fibroblastes expriment une quantité abondante d’activine A, une molécule qui régule différentes fonctions physiologiques de l’organisme et qui provoque une érosion osseuse.
Le rôle clé de l’activine A, une protéine exprimée par les fibroblastes de l’os : précisément, les chercheurs japonais décrivent la relation entre l’activine A, une protéine exprimée par les fibroblastes et l’érosion osseuse, dans le cholestéatome. En d’autres termes, dans le cholestéatome,
des fibroblastes exprimant l’activine A sous l’impulsion de cytokines pro-inflammatoires sécrétées par les macrophages infiltrants, déclenchent et entretiennent une ostéoclastogenèse ou surproduction d’ostéoclastes,
des cellules responsables de la résorption osseuse. Au cours de ce processus, l’activine A agit en conjonction avec une autre protéine, RANKL pour favoriser l’ostéoclastogenèse.
Les promesses d’une thérapie qui cible l’activine A : en décryptant ces processus en cause dans le cholestéatome, l’équipe pose les bases de nouvelles thérapies. Elle apporte également l’espoir d’une thérapie, en démontrant que le ciblage de l’activine A est prometteur dans la gestion des cholestéatomes. Le seul traitement efficace des cholestéatomes actuel en pratique clinique est l’ablation chirurgicale.
Cependant, la découverte de la façon dont un cholestéatome peut provoquer une érosion osseuse offre un nouvel espoir de prise en charge de première intention des cholestéatomes.
Source: Nature Communications 3 Aug, 2023 DOI: 10.1038/s41467-023-40094-3 Single-cell transcriptomics of human cholesteatoma identifies an activin A-producing osteoclastogenic fibroblast subset inducing bone destruction
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