Une technologie inspirée de l’édition du génome CRISPR démontre ici sa capacité à révolutionner la santé buccodentaire : l’équipe de l’Institut Forsyth (Boston) travaille à partir de la salive pour apporter, à l’aide de cette nouvelle technologie un bilan complet de la santé buccodentaire du patient. Les premières preuves de concept de ce nouveau mode diagnostique, apportées dans le Journal of Oral Microbiology, promettent un test salivaire, donc non invasif, qui révolutionnerait les soins grâce à la détection précoce des maladies buccodentaires.
Environ 3,5 milliards de personnes dans le monde souffrent de maladies bucco-dentaires. La maladie des gencives affecte 65 % de la population vieillissante des pays riches, et il n'existe actuellement aucun remède définitif. La maladie des gencives non traitée endommage les tissus mous autour des dents et détruit l'os et pouvant entrainer la perte de dents. Ces maladies buccodentaires sont liées à des bactéries buccales. Cependant, de nombreuses bactéries buccales sont également impliquées dans des maladies systémiques. Les scientifiques ont ainsi inclus 3 bactéries pouvant être associées à divers cancers, maladies digestives, maladies cardiovasculaires et maladies neurodégénératives, dans le développement de leur nouvelle technologie diagnostique, basée sur un simple « test » salivaire.
En d’autres termes, il sera bientôt possible de donner un échantillon de sa salive et de sortir de chez son dentiste avec un bilan complet de sa santé bucco-dentaire- dont le risque de caries de gingivite et de parodontite, mais aussi, « accessoirement » de maladies systémiques comme le diabète, les maladies cardiaques et le cancer.
Une nouvelle technique diagnostique révolutionne les soins bucco-dentaires
L’étude apporte les premières preuves de concept de l’efficacité de la technologie, basée sur CRISPR, à détecter en 30 minutes seulement, des agents pathogènes oraux spécifiques. Une condition essentielle à des soins buccodentaires adaptés :
« Les traitements ciblés ne sont possibles que lorsqu’on a identifié les pathogènes présents dans la bouche. Quelle que soit la maladie, il n’est pas non plus possible de développer des traitements efficaces sans outil diagnostique précis », commente l’auteur principal, le Dr Batbileg Bor du Forsyth Institute : « Actuellement, les tests disponibles sur le marché sont soit de faible sensibilité, soit nécessitent une analyse coûteuse et longue en laboratoire. Cela peut prendre des mois pour obtenir les résultats ».
3 défis à relever : la nouvelle technologie relève 3 défis de base du diagnostic :
- une haute sensibilité,
- un faible coût,
- des résultats rapides.
La plateforme nommé « Sherlock » est basée sur CRISPR-Cas, ce qui signifie qu'elle peut cibler spécifiquement et précisément les molécules d'ARN et d'ADN de manière spécifique à la séquence choisie. L'équipe a adapté la technologie pour cibler ainsi 4 bactéries buccales connues pour causer des maladies buccodentaires, comme la parodontite (maladie des gencives) et les caries. Le test est si sensible qu'il peut détecter aussi peu que des dizaines de cellules bactériennes d'un certain type, à partir d'un échantillon pouvant contenir environ 200 espèces de bactéries couramment présentes dans la bouche. Le test est ainsi capable de cibler et détecter des bactéries spécifiques dans la salive non traitée, avec un remarquable niveau de sensibilité et de spécificité.
Ce test pourrait changer l’expérience buccodentaire des patients.
Le temps d’un détartrage par exemple, le dentiste sera en mesure d’apporter au patient un bilan complet de sa santé bucco-dentaire et même plus.
Source: Journal of Oral Microbiology 11 May, 2023 DOI: 10.1080/20002297.2023.2207336 Rapid specific detection of oral bacteria using Cas13-based SHERLOCK
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