La pollution est définitivement liée au décès prématuré chez les patients souffrant d’insuffisance cardiaque, conclut cette équipe de cardiologues de l’Université de Bialystok (Pologne). Ces données présentées au Congrès Heart Failure 2023 de l’European Society of Cardiology (ESC) engagent ces patients plus vulnérables à se préserver, autant que possible…,des pics de pollution.
Avec « ses » 4,2 millions de décès prématurés dans le monde chaque année, la pollution de l’air est la plus grande menace environnementale pour la santé humaine, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Les effets nocifs des microparticules PM2,5 et PM10, qui peuvent passer des poumons au cerveau sont aujourd’hui bien documentés.
La pollution n’est pas sans effet sur l’aggravation de l’insuffisance cardiaque, qui touche plus de 64 millions de personnes dans le monde. Il a été démontré que l’augmentation des particules fines PM2,5 et PM10 est associée à une augmentation des hospitalisations pour insuffisance cardiaque.
Cette analyse très fine, qui confirme la relation entre l’exposition à la pollution et la mortalité à court terme liée à l’insuffisance cardiaque, montre aussi à l’inverse que « la réduction de la pollution de l’air pourrait permettre de prévenir l’aggravation de l’insuffisance cardiaque ». L’auteur principal, le Dr Lukasz Kuzma précise ainsi : « La protection des groupes vulnérables, en particulier en hiver, devrait faire partie intégrante des soins cliniques. Cela signifie en pratique, que les patients devraient surveiller la qualité de l’air et choisir les moments optimaux pour leurs activités de plein air ».
L’étude a analysé les données de mortalité des 5 principales villes de l’est de la Pologne de 2016 à 2020 en prenant en compte les concentrations de PM2,5 et PM10 en fonction des codes postaux des participants, afin de pouvoir étudier le lien entre l’exposition individuelle à la pollution et la mortalité. Pour chaque participant, les niveaux de pollution et de différents polluants ont été pris en compte le jour de la semaine où le décès est survenu et ont été comparés aux niveaux du même jour au cours du même mois. Les analyses ont été répétées pour les niveaux de pollution 1 jour et 2 jours avant que le décès ne se produise. Toutes les analyses ont été ajustées en fonction des facteurs de confusion possibles, c’est-à-dire susceptibles d’influencer la relation entre pollution et décès (comme la saison par exemple).
- au total, 87.990 décès ont été enregistrés au cours du suivi de 5 ans,
- 7.404 décès étaient dus à une insuffisance cardiaque ;
- l’incidence la plus élevée de ces décès se situe en hiver et la plus faible en été ;
- une augmentation de 10 μg/m3 de PM2,5 et PM10 s’avère associée à une augmentation de 10 % et 9 %, respectivement du risque de décès par insuffisance cardiaque le jour de pic de la pollution ;
- ces mêmes augmentations du taux de décès par insuffisance cardiaque sont observées durant les 2 jours qui suivent l’exposition au pic de pollution.
Ainsi, la pollution continue d’exercer des effets nocifs sur la santé cardiaque 2 jours après l’exposition à la pollution.
Les implications sont claires, mais pas toujours faciles à mettre en œuvre : les patients souffrant d’insuffisance cardiaque devraient tenter de minimiser leur temps d’exposition à la pollution, et aux particules fines notamment, par exemple en évitant les activités de plein lorsque les niveaux de pollution sont élevés.
Les auteurs soulignent à nouveau l’urgence d’une prise de conscience de l’impact de la pollution, dans les politiques de santé publique, et pas uniquement pour la prévention des décès de causes cardiovasculaires.
Source: Heart Failure 2023 22 May, 2023 Session Chronic Heart Failure – Prevention- Analysis of an acute effect of particulate matters on heart failure mortality in Poland
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