Les données de l’essai TIL viennent d’être publiées, c’est le premier essai de phase III au monde portant sur les effets de la thérapie cellulaire T dans les tumeurs solides. En d’autres termes, les propres cellules immunitaires du patient sont efficaces comme médicament vivant pour le mélanome, révèle cette équipe de cancérologues du Netherlands Cancer Institute qui publie ses travaux dans le New England Journal of Medicine (NEJM).
Un mélanome est une forme agressive de cancer de la peau. Il y a dix ans, un diagnostic de mélanome métastatique entraînait presque certainement le décès au cours de la même année.
Dès les premiers essais cliniques, la thérapie cellulaire utilisant les propres lymphocytes T du patient a donné des résultats prometteurs. Cependant, un essai comparatif de phase III restait nécessaire pour considérer la thérapie TIL dans l’arsenal des traitements standards. L’essai TIL, qui compare la thérapie TIL à l’immunothérapie standard avec l’ipilimumab, un inhibiteur de point de contrôle apporte donc des résultats très positifs.
Une armée de cellules autologues T
Les propres cellules immunitaires d’un patient, démultipliées en une armée de milliards de cellules immunitaires en laboratoire, peuvent donc être utilisées comme une sorte de « thérapie vivante » contre le mélanome métastatique, une forme agressive de cancer de la peau. Ces résultats d’essai cliniques de phase III suggèrent que la thérapie TIL pourrait devenir un traitement standard, écrivent les chercheurs, qui prédisent même sa couverture par les assurances maladie.
Une immunothérapie vivante et puissante contre le mélanome métastatique
L’auteur principal, le Dr John Haanen, chercheur oncologue qui dirige l’essai TIL, se déclare satisfait des résultats :
« N’oubliez pas : ce sont des patients atteints de mélanome métastatique. Il y a 10 ans seulement, ce mélanome était si mortel
que nous recevions chaque année une toute nouvelle population de patients…Aujourd’hui nous suivons certains patients sur plus de 10 ans. Si l’immunothérapie a changé la donne, nous constatons toujours qu’environ la moitié des patients diagnostiquées avec un mélanome métastatique ont une survie moyenne à 5 ans, donc nous n’avons pas encore atteint l’objectif ».
Utiliser les propres cellules immunitaires du patient apparaît comme une thérapie extrêmement puissante pour le mélanome métastatique,
plus puissante que les autres types d’immunothérapies : ainsi, parmi les principaux résultats de l’essai,
- près de la moitié (49 %) des patients atteints de mélanome métastatique qui ont reçu un traitement TIL, ont vu leurs métastases diminuer ;
- chez 20 % des patients, les métastases ont complètement disparu ;
- c’est également le cas chez les patients ayant déjà reçu un autre traitement avant leur participation à l’essai ;
- ces taux de « réussite » sont significativement plus élevés que ceux obtenus avec une immunothérapie standard (ipilimumab) : dans ce bras, les métastases ont diminué chez 21 % des patients, tandis que 7 % des participants ont connu une disparition totale des métastases.
- Le taux de survie sans progression à 6 mois avec TIL atteint 53 %. Sur un suivi médian de 33 mois des participants, la médiane de survie sans progression des patients ayant reçu TIL est significativement meilleure (7 mois) que celle des patients traités par ipilimumab (3 mois).
Enfin, les patients traités par TIL regagnent plus en qualité de vie que les patients par ipilimumab. Cette qualité de vie est principalement liée à un meilleur fonctionnement physique, un meilleur équilibre émotionnel ainsi qu’à une diminution plus nette de certains symptômes, dont la fatigue, la douleur ou l’insomnie.
Certains patients ont même pu reprendre leur activité professionnelle, concluent les auteurs
Source: New England Journal of Medicine (NEJM) 8 Dec, 2022 DOI: 10.1056/NEJMoa2210233 Tumor-Infiltrating Lymphocyte Therapy or Ipilimumab in Advanced Melanoma
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