La découverte de ce biomarqueur présent dans l’urine constitue un pas vers le développement d’un test tout simple, urinaire, permettant une première détection précoce de la maladie d’Alzheimer. Alors que l’on sait aujourd’hui que la maladie met plus de 10 années à se développer, avant même l’apparition de ses premiers symptômes, que de nombreuses équipes travaillent autour de sa détection précoce, ces travaux, présentés dans Frontiers in Aging Neuroscience, laissent enfin présager d’un dépistage en soins primaires, qui en cas de résultat positif, pourrait alors inciter à des tests plus complets.
Les chercheurs de la Shanghai Jiao Tong University rappellent qu’en effet la maladie d’Alzheimer peut passer inaperçue jusqu’à un stade trop tardif pour la traiter. Des programmes de dépistage à grande échelle pourraient aider à détecter la maladie à un stade précoce, mais les méthodes de diagnostic actuelles sont trop lourdes et coûteuses. En identifiant l’acide formique comme un biomarqueur urinaire sensible pouvant révéler la maladie à un stade précoce, c‘est une nouvelle option qui s’ouvre pour des tests à plus grande échelle.
L’acide formique, identifié comme un biomarqueur urinaire sensible
L’étude a consisté à examiner différents marqueurs urinaires auprès de 574 participants, dont des patients atteints de la maladie d’Alzheimer à différents degrés de gravité ainsi que des témoins en bonne santé cognitive. Cette analyse a permis d’identifier l’acide formique urinaire comme un marqueur sensible du déclin cognitif pouvant indiquer les tout premiers stades de la maladie d’Alzheimer :
- les niveaux urinaires d’acide formique sont significativement augmentés chez tous les patients Alzheimer vs témoins en bonne santé, y compris chez les patients atteints de déficience cognitive légère, une condition qui précède le développement de la maladie d’Alzheimer.
Encore plus de précision : l’acide formique est donc identifié ici comme un biomarqueur sensible de maladie d’Alzheimer à stade précoce. Enfin, en combinaison avec d’autres biomarqueurs sanguins de la maladie d’Alzheimer, ce nouveau biomarqueur apporte une détection de grande précision, apportant même une indication du stade de la maladie.
« La maladie d’Alzheimer est une maladie chronique cachée et silencieuse, ce qui signifie qu’elle peut se développer durant de nombreuses années avant l’apparition d’une déficience cognitive évidente. Les premiers stades de la maladie surviennent avant le stade de démence irréversible, et c’est donc une précieuse fenêtre d’intervention et de traitement. La découverte de ce marqueur va permettre un dépistage à grande échelle de la maladie d’Alzheimer, un dépistage généralisé nécessaire pour les personnes âgées ».
Pourquoi alors n’existe-t-il donc pas de programmes de dépistage de routine pour la maladie d’Alzheimer à un stade précoce ? Le problème réside dans les techniques de diagnostic, des techniques coûteuses et qui exposent le patient à des radiations. Il existe également des tests sanguins, mais donc plus invasifs ou de liquide céphalo-rachidien nécessitant une ponction lombaire, ce qui peut être rebutant pour les patients. Un test urinaire pourrait donc changer la donne en ouvrant une « voie royale » vers le dépistage généralisé.
« La détection des biomarqueurs urinaires de la maladie d’Alzheimer est pratique et rentable, et elle doit être effectuée au cours des examens de routine des personnes âgées », concluent les auteurs.
Source: Frontiers in Aging Neuroscience Nov, 2022 DOI : 10.3389/fnagi.2022.1046066 Systematic evaluation of urinary formic acid as a new potential biomarker for Alzheimer’s disease
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