Alors que la maladie a fait près de 80.000 cas dans le monde et que les dernières études révèlent une capacité d’échappement immunitaire croissante du virus « Monkeypox », la variole du singe reste, au même titre que le COVID-19 avec ses variantes émergentes Omicron, une des principales préoccupations en Santé publique. Cette équipe de l’Université de Toronto, à travers cette étude de modélisation oubliée dans le Canadian Medical Association Journal (CMAJ) s’est donc concentrée sur la feuille de route optimale pour la vaccination, afin d’optimiser l'impact d'un approvisionnement limité en vaccins.
La modélisation confirme qu'il est préférable de donner la priorité de l’allocation des vaccins aux groupes et zones présentant plus d'infections initiales et le plus grand potentiel de propagation. « Nous espérons que ces données vont aider les décideurs dans des contextes épidémiques divers et au-delà du Canada et permettre de réduire au mieux la transmission épidémique, dans les cas d’approvisionnement limité en vaccins », résume l’auteur principal, le Dr Sharmistha Mishra, de l’Université de Toronto.
Face à l’approvisionnement limité en vaccins, la priorité doit être donnée aux groupes les plus denses les plus exposés
Début novembre 2022, juste avant la publication de l’étude, 1.444 cas de monkeypox avaient été recensés au Canada, avec une concentration de cas chez les homosexuels, les bisexuels et plus globalement les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH).
L’étude visait à formaliser, sous forme de feuille de route claire, l’allocation optimale d’un stock réduit de vaccins face à l’incidence croissante de l’épidémie. Les chercheurs ont effectué une modélisation pour 2 villes hypothétiques au sein desquelles vivaient environ 100.000 HSH. L'équipe a ensuite fait varier les caractéristiques des 2 villes pour toute une gamme de paramètres et a simulé le déploiement de 5.000 doses de vaccins après détection du 1er cas de variole du singe. L’analyse conclut que les facteurs les plus importants pour une répartition optimale des vaccins sont :
- le taux de reproduction (ou capacité du virus à se transmettre d'une personne contaminée à une personne non malade : potentiel épidémique) dans chaque ville ;
- le nombre relatif de cas initiaux (taux d’incidence) ;
- la taille de la ville ou de la communauté.
En d’autres termes, si une grande ville a un plus grand potentiel épidémique et un grand nombre relatif de cas initiaux, il est préférable d'allouer la majorité des vaccins à cette ville.
L'équipe a fait varier le taux de reproduction R0 avec un seul paramètre, mais souligne que de multiples facteurs peuvent influencer le potentiel épidémique local, dont la densité de population, les pratiques sexuelles à risque, l'accès à la prévention et aux soins, et le contexte socio-culturel…
« Notre modélisation révèle que les vaccins permettent d’éviter un plus grand nombre d'infections lorsqu'ils étaient priorisés sur un centre de vie ou une communauté plus large, présentant plus d'infections initiales et un potentiel épidémique important. Nos données apportent plus largement des pistes pour une meilleure équité mondiale en matière de vaccins pour répondre aux épidémies ».
C’est aussi une conclusion importante de l’étude qui, au-delà de l’épidémie de monkeypox, sensibilise à l’insuffisance d’accès aux vaccins de zones plus denses et à plus fort potentiel épidémique.
Source: Canadian Medical Association Journal 28 Nov, 2022 DOI: 10.1503/cmaj.221232 via medRxiv Maximizing the impact of limited vaccine supply under different early epidemic conditions: a 2-city modelling analysis of monkeypox virus transmission among men who have sex with men
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