Ces scientifiques de l’Université de Portsmouth, avec des collègues du CNRS, spécialistes de cette fonte musculaire mortelle, la myopathie de Duchenne, documentent dans la revue eLife, une nouvelle stratégie de traitement prometteuse : il s’agit de corriger le plus tôt possible, au niveau même du fœtus atteint, les cellules musculaires porteuses de la mutation pathologique.
La dystrophie musculaire ou myopathie de Duchenne est causée par une mutation génétique. Son incidence, chez les garçons, atteint 1/5.000 naissances. Comme le gène affecté se trouve sur le chromosome X, les filles peuvent être porteuses du gène mutant mais ne développent la maladie que très rarement (1/50 millions environ). La maladie qui touche des muscles vitaux entraîne généralement le décès à la trentaine.
À tort, la maladie est réputée débuter dans les myofibres,
des agrégats de cellules impliquées dans la contraction, qui constituent la majeure partie du muscle. C’est pourquoi, jusque-là, la plupart des recherches thérapeutiques se sont concentrée sur ces cellules. Cette nouvelle étude révèle que la maladie commence beaucoup plus tôt dans les cellules destinées à devenir des fibres musculaires, les myoblastes. « Des résultats importants car ils changent la façon dont nous comprenons la maladie. Nous avons découvert que les fonctions des myoblastes sont gravement affectées par l'absence de dystrophine, or ces cellules sont d'une importance cruciale pour la croissance mais aussi pour la régénération musculaire », résume l’auteur principal, le professeur Darek Gorecki de l'École de pharmacie et de biologie de l'Université de Portsmouth.
Un cercle vicieux, des cellules aux muscles
Parce que ces cellules myogéniques fonctionnent mal, les muscles endommagés ne peuvent pas être réparés efficacement. Et toute myofibre réparée devra éventuellement être remplacée, ce qui ne peut se réaliser sans cellules myogéniques.
Cibler plutôt le stade précoce : de récents travaux de la même équipe portant sur la modélisation de la myopathie avaient déjà apporté des preuves d'anomalies chez l’embryon, avant même la naissance. La plupart des garçons atteints de myopathie de Duchenne sont diagnostiqués entre l’âge de 2 à 5 ans, âge auquel les dommages de la maladie sont déjà importants. Comme pour de nombreuses maladies, l’identification tardive exclut les interventions thérapeutiques précoces qui peuvent mieux contribuer à ralentir, voire à arrêter, la progression de la maladie.
« Jusque-là nous traitions le stade avancé de la maladie,
chez des patients déjà adolescents et alors que la dégénérescence musculaire a déjà fait ses ravages ».
Le nouvel espoir thérapeutique serait donc de corriger les cellules dès le début du processus pathologique, pour retarder la dégénérescence musculaire et prolonger la durée de vie des patients.
« Une stratégie qui à la lumière de ces travaux semble possible, en identifiant et en traitant les nouveau-nés atteints et en ciblant les cellules myogéniques ».
Source: eLife 27 Sept, 2022 DOI: 10.7554/eLife.75521 Loss of full-length dystrophin expression results in major cell-autonomous 2 abnormalities in proliferating myoblasts
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