L'épidémie de monkeypox ou variole du singe qui à fin septembre a causé près de 70.000 cas dans le monde, dont près de 4.000 confirmés en France, met en évidence la nécessité d'une approche mondiale coordonnée pour prévenir de futures maladies zoonotiques, relève cette équipe d’experts en Santé publique des Université College London et d'East Anglia. Ces chercheurs considèrent l’épidémie comme un « avertissement » engageant à réfléchir à une approche préventive, afin de réduire au maximum le risque d'émergence d'agents pathogènes zoonotiques connus et inconnus.
Le monkeypox est une zoonose virale (un virus transmis à l'homme par les animaux) entraînant des symptômes similaires à ceux observés dans le passé chez les patients atteints de variole, avec cependant des formes cliniques généralement moins sévères. Aujourd’hui, ces scientifiques britanniques tirent le signal d’alarme :
« le monde ne peut pas se permettre d'ignorer cette nouvelle zoonose responsable en quelques mois de 70.000 cas dans 104 pays et de 19 décès ».
Avec l'éradication de la variole en 1980 et l'arrêt de la vaccination antivariolique, le monkeypox est devenu l'orthopoxvirus le plus préoccupant en santé publique, selon l'OMS. Plus endémique en Afrique centrale et occidentale, souvent à proximité des forêts tropicales humides, il se répand de plus en plus dans les zones urbaines. Certains rongeurs retrouvés en Afrique semblent être les hôtes animaux naturels du virus de la variole du singe.
Les auteurs, le professeur Bell, professeur de biologie à l'Université d'East Anglia et le professeur Cunningham, directeur des sciences à la Société zoologique de Londres expliquent qu’à la fois
l'éradication de la variole et l’arrêt de la vaccination ont rendu la population humaine mondiale immunologiquement naïve
à l'infection par l'orthopoxvirus. La densité de population dans les zones urbaines et les voyages ont également l'émergence et la propagation de l'orthopoxvirus comme celle de tout agent infectieux.
L’approche doit être coordonnées au niveau mondial et prendre en compte les changements d’affectation des terres, les nouveaux circuits de commerce de la viande et des animaux de compagnie exotiques pour prévenir l'émergence de nouvelles zoonoses, soulignent les chercheurs. Ils donnent ainsi l’exemple du rat géant de Gambie (Cricetomys gambianus), un porteur possible du virus de la variole du singe, couramment consommé. En dépit de l’interdiction de l'importation de toute viande sauvage d'Afrique, des quantités importantes de viande de brousse sont introduites en contrebande via des bagages personnels dans les principales villes européennes et américaines sur des vols de passagers en provenance de pays d'Afrique de l'Ouest et centrale où la variole du singe est endémique. Le commerce des animaux de compagnie pose également problème, les tests virologiques sur certains de ces animaux ayant également révélé des infections.
Ainsi, la contrebande intercontinentale impliquant l'Amérique du Sud et l'Asie ainsi que l'Afrique et l'Europe, est à la fois un facteur majeur de réduction de la biodiversité et d’émergence de nouvelles zoonoses.
Source: CABI One Health 23 Sept, 2022 DOI: 10.1079/cabionehealth20220005 Monkeypox: we cannot afford to ignore yet another warning
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